JTI 23-26/2023 – Les abeilles, hyperactives, mais armées d'un dard
Chère lectrice, cher lecteur,
Nous aimons penser en images qui nous expliquent des faits. Récemment, au cours de l’assemblée générale de Spedlogswiss à Lucerne, Martin Bütikofer, directeur du Musée suisse des transports renommé, a utilisé une belle métaphore: il a montré un pot de miel de 250 g et demandé au public qu’il donne une estimation du temps mis les abeilles pour parvenir au produit brut non transformé.
Toutes nos estimations étaient fausses, bien éloignées des quelque 30 000 voyages depuis la ruche, d‘environ 250 000 km de vol et des plusieurs millions de fleurs pollinisées qu’il faut pour un tel produit. Le pont lancé vers les performances des logisticiens, souvent invisibles, et qui demeurent invisibles à la fin de nombreux projets malgré leur contribution, n’était pas fait pour nous déplaire.
L’adieu à notre branche au lieu de son éloge est pourtant plutôt la règle que l’exception. Dans le secteur transport et logistique également, comme dans beaucoup d’autres, la mort rapide due au numérique et à beaucoup de start-up ambitieuses et de sociétés IT expérimentées a été prédite longtemps. L’impression que tout n’est pas or qui brille nouvellement commence pourtant à se frayer un chemin.
Le marché fret en ligne Freightos par exemple a enregistré au T1/2023 un doublement des transactions par rapport à la même période de 2022. La perte de 58 M. d’USD subie pendant cette même période était imputable (en grande partie) à la cotation à la bourse technologique US Nasdaq. En bout de course, l’exercice 2023 devrait se solder par un bénéfice d’environ 5 M. d’USD, donc pas de quoi faire fuir d’autres acteurs du marché.
À mon avis, l’«invisibilité» de notre branche n’est liée qu’en petite partie à la façon dont elle est perçue depuis l’extérieur. Je maintiens que nous nous comportons bien trop souvent comme décrit dans le principe juridique romain: «Qui se tait là où il devrait ou pourrait riposter est présumé acquiescer.» La modestie et la retenue tant louées des logisticiens sont en même temps la raison pour laquelle les branches qui émettent prétendument davantage de sexiness, d’élégance, de progressivité ou – en termes plus modernes – de durabilité sont ressenties plus positivement par le public.
Nous ne devrions pas y prêter attention? Objection, votre honneur! Et ne serait-ce que pour la relève. Une des bonnes nouvelles que je rapporte de Lucerne est l’information selon laquelle l’attention des jeunes écoliers est actuellement déjà attiré sur les métiers de la logistique. C’est la bonne approche. Il faut continuer ainsi. Je vous souhaite passionnante lecture de ce numéro!
Bien cordialement,
Christian Doepgen
Rédacteur en chef