Grandir avec les crises
Un entretien avec Nurgül Karabaki, airfreight business development manager, LAM. Le ciel turc est plein d’activités aériennes. Peut-être la prochaine édition du symposium de l’Iata qui était prévue en 2020 à Istanbul aura-t-elle lieu au Bosphore? Andreas Haug, rédacteur de l’ITJ, a recueilli les propos d’une manageuse Turco-Suisse à ce sujet et d’autres.
Mme Karabaki, après six années chez Qatar Airways Cargo, vous êtes à présent chez Lyonel A. Makzume Group. Pourquoi ce changement?
LAM est une entreprise bien établie dont l’histoire m’impressionne depuis toujours. Active à ses débuts dans le transport maritime, elle bénéficie aussi d’une identité forte dans le fret aérien. Membre de l’Iata, nous opérons dans quatre pays et envisageons d’étendre nos activités à d’autres marchés.
Grâce à notre réseau de partenaires, nous sommes presque présents dans tous les pays. Ce qui m’a attiré, c’est le personnel du groupe et la responsabilité du poste au niveau mondial. LAM emploie plus de 600 personnes et a environ 40 bureaux répartis sur quatre continents. Je suis heureuse de travailler au sein d’une compagnie qui se développe, en mettant l’accent sur l’innovation, à travers une approche méthodique.
Qu’est-ce-qui distingue LAM de la concurrence?
Notre approche vis-à-vis des clients consiste à déterminer comment nous pouvons leur proposer la meilleure offre en fonction de nos capacités. Je répète souvent que nous devons dire honnêtement de quoi nous sommes capables et ce qui nous permet d’aborder les axes majeurs mieux que nos concurrents.
Quelle est l’importance du fret aérien dans l’offre globale de LAM?
Il nous reste du chemin à parcourir jusqu’à ce que le chiffre d’affaires du fret aérien devienne une part importante de notre groupe. Actuellement, j’évalue la proportion du fret aérien à moins de 5% de notre C.A. global. Cela s’explique naturellement par les activités maritimes qui sont très ancrées dans notre société.
Nous avons rencontré Timur Makzume, MD, en 2020. Que s’est-il passé depuis?
Désormais présents dans 14 pays, nous nous sommes développés dans presque tous les secteurs. Le judicieux système de bureaux virtuels dont nous disposions déjà avant la pandémie s’est depuis avéré un formidable outil pour réaliser ce que d’autres groupes internationaux ou semi-internationaux n’ont pas su faire.
Notre gouvernance a coutume de dire que l’entreprise a su croître en temps de crise, car le marché recherche des prestataires de services fiables, expérimentés et financièrement stables lors d’une crise financière mondiale, de troubles dans certains pays ou d’une pandémie mondiale.
Comment LAM s’est-il investi dans la lutte contre le Covid?
En transportant des masques PPE et des kits de test. Grâce à Sinotrans Makzume, notre joint-venture avec Sinotrans en Turquie, nous avons transporté du fret de la Turquie vers la Chine.
Quels sont vos principaux marchés de fret aérien?
L’aéroport Séoul-Incheon est notre destination principale depuis des années. Suivie du Qatar, de Dubaï et du Koweït.
Quels sont les domaines d’activité que vous souhaitez développer?
Le fret aérien régional va s’établir, car le fret routier et maritime touchent à leurs limites. L’e-commerce et ses avantages en termes de rapidité et de confort est évidemment une tendance irréversible. Nous souhaitons élaborer des offres pertinentes dans ce secteur à l’échelle de notre groupe et nous investissons donc massivement dans les solutions IT.
Vous voici à Istanbul depuis 2015, après un début de carrière en Suisse. Qu’est-ce qui vous frappe dans l’évolution?
La Turquie, un pays qui a beaucoup à offrir, est en mutation profonde. La production est foisonnante partout, que ce soit le poisson dans les zones côtières, les produits agricoles à l’intérieur du pays, les produits pharmaceutiques et biens de construction au nord et à l’ouest. Mais c’est surtout un pays importateur. Il y a deux différences majeures entre les deux pays: là-bas, règne un système rationalisé, ici, tout est en développement et en mutation. Cette situation a des avantages et des inconvénients. J’aime passer de l’un à l’autre en profitant des deux cultures.