Partenaires connus, nouveaux projets
Lorsque des investisseurs étrangers rencontrent des représentants du secteur ferroviaire russe, il est question de technologie et d’affaires. Pour les Chemins de fer de l’État russe RZD la stratégie de croissance globale est aussi un thème central. Ses projets ne se limitent plus à l’Eurasie mais visent aussi loin que l’Afrique.
À environ 30 km au nord du centre de Moscou est située Chtcherbinka. Dans cette banlieue se trouve l’institut de recherche des chemins de fer russes ainsi qu’un circuit d’essai en boucle de 6 km, considéré comme le plus vieux de ce type. Là où des scientifiques fignolent en général les techniques ferroviaires du futur, il y a eu beaucoup d’animation à la fin de l’été. Les Chemins de fer russes RZD y ont organisé «Pro//Motion.Expo», à la fois salon d’exposition, foire et congrès avec des participants de 37 pays.
Le volume croît même sans voie large
L’Autriche a figuré parmi les pays sous les feux des projecteurs. Les Chemins de fer fédéraux autrichiens (ÖBB) et les RZD coopèrent depuis assez longtemps, ce qui a été souligné lors de l’«Austrian Technology Day». «Nous nous attendons à un doublement du volume de marchandises de la Russie vers l’Autriche d’ici 2030. L’écartement large jusqu’à Vienne est un facteur déterminant dans le cadre de ces pronostics», a déclaré Andreas Reichhardt, ministre autrichien des Transports. Rien qu’au premier semestre 2019, le trafic marchandises entre les deux pays a augmenté de 8,8%. À l’avenir, les deux compagnies de chemins de fer comptent faire progresser les échanges de données et utiliser ensemble les terminaux à Kaliningrad. En ce qui concerne le prolongement de l’écartement large jusqu’à Vienne, des études écologiques sont en cours. On attend en outre les résultats d’une étude de faisabilité. Le partenariat avec l’Autriche est pour les RZD une partie de la stratégie d’expansion internationale qui contribue au chiffre d’affaires à hauteur de 21%.
RZD dans la Caraïbe
Aujourd’hui, la compagnie ferroviaire de transport de fret fournissant environ 2,6 milliards de tkm est présente dans 40 pays. Et il y en aura d’autres, a dit Alexander Misharin lors d’un entretien avec des journalistes de la branche. Managing director, il est responsable de la coopération internationale au sein de RZD (1 M. de salariés).
Lorsque les chemins de fer russes s’engagent à l’étranger, ils visent souvent des régions ayant un gros potentiel économique pour le transport ferroviaire de marchandises. Parfois l’objectif est aussi de réanimer des relations qui se sont un peu endormies. Par exemple dans le cas de Cuba. Sur cette île de la Caraïbe, RZD participe à la modernisation des infrastructures ferroviaires. Le projet a été lancé il y a déjà deux ans, mais n’a pas vraiment décollé jusqu’ici. A. Misharin a expliqué que cela changera: «Les sociétés russes ont d’ores et déjà livré des locomotives pour des trains de marchandises. Le réseau doit maintenant être rénové sur 500 km. Là où les trains circulent actuellement à 30 km/h, ils pourront opérer à l’avenir à 120 km/h.»
Du potentiel en Afrique
L’Afrique est en revanche un nouveau terrain pour RZD. Il existe uniquement des échanges technologiques avec l’Afrique du Sud. «En Afrique, il y a environ 70 000 km de voies ferrées, dont la moitié en mauvais état. Si les gouvernements sont prêts à investir dans la modernisation, le potentiel est gros», estime A. Misharin. Son patron, Oleg Belozerov, CEO des RZD, a rencontré pendant la Pro//Motion.Expo son homologue égyptien Ashraf Raslan. O. Belozerov a confirmé son intention de participer à la rénovation de l’infrastructure ferroviaire égyptienne. Ce pays nord-africain s’est en outre déclaré intéressé par du matériel roulant produit par des sociétés russes. Il y a également une commande de locomotives passées par l’Iran. Suite aux sanctions économiques, cette commande a toutefois pris du retard. A. Misharin s’est pourtant montré optimiste: «Nous sommes confiants de pouvoir livrer ces 45 locomotives. Chaque affaire comporte des risques.»
Automatisation et propulsion
Mis à part cela, les chemins de fer russes préfèrent se pencher sur les chances que sur les risques. C’est ainsi qu’O. Belozerov a pronostiqué que l’intelligence artificielle va modifier fondamentalement les chemins de fer. Exemple: le premier train sans conducteur de la Russie qui a circulé sur une ligne test. De nouveaux tests sont toutefois encore nécessaires avant son exploitation, a révélé RZD.
La propulsion de trains de marchandises sur des ligne non électrifiées était un thème récurrent lors des débats. Alors que les invités étrangers préconisaient des techniques sur base d’hydrogène, les représentants de la branche russe ont souligné qu’ils souhaitent miser tout d’abord sur le gaz naturel. Ce qui paraît logique puisque la Russie en possède de gros volumes. Est-ce que le secteur ferroviaire changera vraiment fondamentalement? On n’en sait guère davantage après le rendez-vous à Moscou. Sabrina Soussan, CEO de Siemens Mobility, se montre prudente: «Les trains circuleront encore dans 100 ans sur des roues et sur des rails.»