Les grandes tendances
La logistique latino-américaine à l’abri des ruptures globales. Depuis 30 ans, les analystes de l’institut d’étude du marché d’Americas Market Intelligence sont sur la trace du développement du transport et de la logistique dans la région diversifiée qu’est l’Amérique latine. Leur rapport pour 2024 est globalement optimiste.
Miami en Floride est la capitale de l’Amérique latine, cette déclaration est aussi ironique que connue. Quoi qu’il en soit: les données annuelles sur les secteurs transport et logistique latino-américains sont collectées par Americas Market Intelligence (AMI) domiciliée... à Miami. Le plus récent rapport étudie une nouvelle fois à la loupe le transport routier, maritime et aérien en plus de la logistique, et en particulier de la logistique frigorifique importante dans la région.
De nombreuses tendances sont favorables à la logistique de cette région, par ex. le nearshoring boostant surtout le Mexique (cf. page 8). Selon la Banque interaméricaine de développement (IADB), le potentiel des exportations supplémentaires pourrait se traduire à court ou moyen terme par environ 78 milliards d’USD pour l’Amérique latine et la Caraïbe.
Même en comparaison mondiale, le sous-continent a des chances, souligne Diego Rodríguez, directeur AMI pour la pratique logistique: «L’Amérique latine a une chance unique: pouvoir conquérir des positions dans la chaîne de valeur ajoutée aux USA et en Europe depuis que les salaires chinois dépassent ceux d’une grande partie de l’Amérique latine.»
L’effet monétaire complète la tendance positive. Selon la Deutsche Bank, les principales monnaies latino-américaines, le peso mexicain et le real brésilien, gagnent en valeur par rapport à l’USD.
La répartition modale évolue
Le transport routier est encouragé par l’e-commerce. Le Mexique est le leader avec 11,4 M. de camions, suivi du Brésil avec 3,9 M. de camions, du Chili et de la Colombie avec resp. quelque 320 000 et 214 000 unités. Vu les coûts élevés de ce mode de transport, souffrant d’infrastructures en partie de mauvaise qualité, AMI s’attend à moyen terme à une consolidation du secteur, surtout au Mexique.
«L’entreposage et le traitement des commandes est sans doute le segment partiel enregistrant la plus forte hausse dans la branche logistique», dit D. Rodríguez. De nombreux chargeurs et expressistes investissent au Mexique, en Amérique centrale, en Colombie et au Brésil.
Les prestations fournies en 2022 sont estimées à 60–65 milliards d’USD. Parmi les principaux acteurs figurent DHL, DSV, Mercado Libre, Frialsa, Solistica, Emergent Cold, Grupo Traxión et Suppla.
En transport maritime, le nombre de navires des services Amérique du Sud–Europe/Méditerranée est passé de 39 à 43 entre 2019 et 2023 alors que sur les routes Amérique du Sud–Amérique du Nord il est retombé de 47 à 42. Le Mexique a chuté au profit du Brésil.
Le fret aérien s’est redressé depuis la pandémie, mais comme autrefois «la région va enregistrer le plus bas taux de fret du monde», conclut D. Rodríguez.
Dans la logistique frigorifique, la pharmaceutique a boosté la croissance. Les C.A. dans toute l’Amérique latine sont passés de 26 à 31,5 milliards d’USD entre 2020 et 2023. La croissance est constante mais pas aussi élevée qu’aux USA et en Europe. Le sous-continent, qui profite de sa position à l’écart des changements géopolitiques, a la chance de bâtir un avenir solide dans la logistique en investissant dans les infrastructures.