La longue attente

En 2021, l’expédition et la logistique sont dépendantes de la navigation comme jamais jusqu’ici. Non seulement de nombreux acteurs du secteur mais aussi des chargeurs sont pessimistes concernant la haute saison.

 

La situation est on ne peut plus claire: à l’échelle mondiale, la demande en marchandises est aussi forte que rarement, toutes les capacités sont mises à la disposition du marché, mais les goulets d’étranglement augmentent. Selon Charlotte Cook, analyste en chef de Vessels Value, la congestion de ports tels que Zhoushan, Ningbo et Los Angeles s’est étendue à des ports aussi différents que Felixstowe ou Seattle. Dans le monde entier, 334 navires transportant plus de 2,2 M. de TEU sont pris des «embouteillages». C. Cook: «Le marché des conteneurs maritimes est soumis cette année à une énorme pression: les besoins de rattrapage dus à la pandémie ont boosté la consommation. La mauvaise météo en Chine et la fermeture de terminaux due à la Covid-19 y ont contribué.»

 

Après la Chine suit le Vietnam

Que signifie cela par exemple pour les affaires de Noël de nombreux importateurs de biens de consommation depuis l’Extrême-Orient? Le problème n’est pas limité à la Chine qui souffre entre autres d’un approvisionnement en énergie insuffisant de ses usines. Au T4, les importateurs vont ressentir les conséquences du confinement par exemple au Vietnam. L’éditeur allemand de logiciels Setlog a calculé qu’il faut aux produits provenant du Vietnam au S1/2021 par rapport au S1/2020 en moyenne 25 jours de plus pour arriver en Europe. À peine 17% des livraisons seraient ponctuelles. En 2019, il s’est encore agi de 70% et pendant l’année 2020 difficile d’environ 38%. Le confinement au Vietnam touche durement surtout les chargeurs Apple, Adidas et Nike. C’est au plus tôt à partir de la Pâques 2022 qu’il y aurait des améliorations significatives, pronostiquent les spécialistes en supply chain management de Setlog.

 

Le prochain obstacle en déjà en vue. «La pénurie de dizaines de milliers de chauffeurs de camions en particulier en Grande-Bretagne, mais aussi en Allemagne, dans d’autres pays de l’UE et aux USA vont perturber fortement les chaînes d’approvisionnement si des mesures ne sont pas prises d’urgence», souligne entre autres Patrick Merkel, gérant de la hambourgeoise Prologue Solutions.

 

Le secteur clé de la logistique automobile

Les logisticiens spécialistes de l’automobile se trouvent dans une bien mauvaise situation. Ils sont au bord du gouffre, a mis en garde la Fédération de la logistique automobile européenne (ECG) qui représente selon ses propres déclarations environ 85% du secteur des véhicules neufs en Europe. «Même Lehman Brothers et la crise financière n’avaient pas un tel impact économique sur le secteur que les problèmes de livraison actuels», a insisté Wolfgang Göbel, président d’ECG. Des arrêts de production et équipes annulées font partie du quotidien.

 

Le principal problème, c’était un leitmotiv de la conférence ECG les 14 et 15 octobre à Bruxelles, demeure le manque de puces. «Le secteur lutte pour survivre avant sans doute la troisième mauvaise année consécutive et a besoin du soutien du secteur automobile», est l’appel lancé par W. Göbel pour une alliance entre producteurs et logisticiens.

 

La rupture des supply chains globales va accompagner les transitaires et logisticiens même après la saison de Noël qui s’annonce difficile.