Le dernier mille est la clé
Les prestataires CEC ne sont pas les seuls à vouloir profiter de l’e-commerce. Des transitaires classiques misent eux aussi sur ce marché et essaient, tel XPO Logistics, de marquer des points dans des secteurs de croissance choisis.
Les plateformes d’achat en ligne, grandes gagnantes de la pandémie, sont suivies de près par les prestataires de services CEC (coursier, express, colis). La tendance se poursuivra en 2021 et, selon une étude d’Accenture, c’est aussi dû au fait que 80% des vendeurs opérant selon la stratégie omnicanale apprécient et utilisent cette voie d’expédition. Le marché B2C dans l’e-commerce devrait croître de 6%/an en Amérique du Nord, de 5% en Europe de l’Ouest et de 14% en Asie. Vérifions cela à l’aide d’un acteur du Proche-Orient.
Success story avec des exceptions
Le prestataire de services CEC (courrier, express, colis) Aramex vient de publier ses résultats financiers pour 2020. Le chiffre d’affaires annuel a atteint 5,51 milliards d’AED (1,49 milliard d’USD), ce qui correspond à une augmentation de 9% comparé à 2019. Les activités e-commerce en plein boom ont eu un impact tout au long de l’année et bien au-delà des frontières. C’est ainsi que les activités express internationales d’Aramex ont augmenté de pas moins de 10% en passant de 2,4 milliards d’AED (650 M. d’USD) en 2019 à 2,6 milliards d’AED (702 M. d’USD)en 2020.
Malgré cela – et c’est peu ordinaire – le C.A. des activités d’expédition d’Aramex a baissé de 5% en 2020 pour retomber à 1,1 milliard d’AED (297 M. d’USD) contre 1,2 milliard d’AED (324 M. d’USD) en 2019. La moindre demande dans les secteurs pétrole, gaz et commerce de détail a laissé des traces.
Il existe pourtant des exceptions intéressantes, également dans ce domaine. En 2020, les solutions logistiques et pour supply chains ont ainsi progressé de 6% à 375 M. d’AED (101 M: d’USD) à comparer à 355 M. d’AED (96 M. d’USD) en 2019. Cette croissance est due aux segments florissants santé et FMCG. Mais quels ont été, en comparaison, les chiffres de transitaires multinationaux?
Temps durs et nouveaux secteurs
En 2020, les défis paraissant aujourd’hui au grand jour étaient déjà connus des transitaires. Avant début 2021, Agility a ainsi parlé de quatre risques opérationnels: les goulets d’étranglement côté capacité, surtout dans la navigation hauturière, la fluctuation de la demande des consommateurs (parallèlement aux lock-downs), les risques géographiques tels la disparition soudaine de l’«atelier étendu» Chine et les pronostics difficiles concernant la gestion des stocks à l’échelle mondiale.
Comment s’est débrouillé en 2020 un acteur atypique du secteur? XPO Logistics, dont le siège est à Greenwich (USA), a une réputation. Le groupe est connu pour miser plutôt sur des acquisitions et l’intégration d’autres entreprises que sur la croissance organique. Il possède dans ce domaine une pratique et une tradition ayant du succès depuis des décennies. Tout l’exercice 2020 n’était pas vraiment favorable à cette stratégie et le résultat a été maigre. La société a réalisé un chiffre d’affaires de 16,25 milliards d’USD, soit une baisse de 2,5% comparé à 2019. Le rendement a souffert encore plus fortement: la résultat d’exploitation est retombé de 821 M. d’USD en 2019 à 391 M. d’USD en 2020 (–52%). Alors que le chiffre d’affaires dans les transports a fléchi de 4,6%, le C.A. de la logistique a grimpé de 1,5% par rapport à 2019 pour atteindre 6,2 milliards d’USD. Mais dans ce dernier secteur, le résultat d’exploitation a aussi chuté de 41,9%, à 140 M. d’USD contre 241 M. d’USD en 2019.
Fait intéressant en marge: alors que la logistique en Amérique du Nord a enregistré une baisse du C.A. de 4%, le segment a réalisé 3,8 milliards d’USD (+5,2%) en Europe. Brad Jacobs, président et CEO, ne s’est pas prononcé sur les rumeurs selon lesquelles XPO Logistics compterait vendre ses activités européennes. La société a en revanche réagi aux tendances actuelles. Depuis septembre 2020, Eric Caldwell dirige en qualité de président la nouvelle «Last-Mile division».
Suite à l’acquisition de 3PD en 2013, XPO exploite aujourd’hui la plus grande offre «Last-Mile» aux USA pour des biens tels que des équipements ménagers/sportifs ou meubles lourds. La société assure plus de 10 M. de livraisons et d’installations par an. Bien que ces marchandises représentent encore la plus petite part des commandes en ligne, elles auraient – selon une étude de Fedex – le plus grand potentiel de croissance dans l’e-commerce en Amérique du Nord.