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Auteur : Andreas Haug


Artikel Nummer: 33022

Colloque et craintes

Fin août, la joie des organisateurs et participants de l’Air Cargo Day de l’IG Air Cargo Switzerland était évidente: après plusieurs mois, il a enfin de nouveau été possible de rencontrer un nombre assez important de spécialistes pour des échanges personnels. Les faits et chiffres de la nouvelle étude sur la logistique du fret aérien sont en outre motivants, si seulement il n’y avait pas ce virus et ses effets.


 

 

Du soleil mais une forte brise, c’est ainsi que le lac des Quatre-Cantons a accueilli les visiteurs du Musée suisse des transports le 26 août. C’était aussi plus ou moins l’ambiance au musée puisque Lucerne a été choisi cette année par l’IG Air Cargo Switzerland (au lieu de Zurich) pour y tenir son Air Cargo Day organisé tous les deux ans et reporté au printemps en raison du Covid-19. La «voix du fret aérien suisse» a tout de même fêté ses dix ans (ITJ 31-35/2020, page 10) et environ 140 invités sont venus pour présenter leurs félicitations et réanimer des réseaux. Mais aussi pour que sept orateurs renommés leur confirment que le fret aérien est à tort un peu un «laissé-pour-compte» du trafic aérien. C’est ce qu’a souligné Thomas O. Koller, gérant du Komitee Weltoffenes Zürich, lors de son allocution de bienvenue.

 

 

1314 CHF par kilogramme exporté

Cela fait également dix ans que l’Université de Saint-Gall – à l’époque sa chaire de gestion logistique – a publié sa première étude sur «Le fret aérien comme facteur essentiel pour la place économique suisse». Pour le compte d’IG Air Cargo, l’institut de supply chain management a de nouveau effectué une vaste enquête au premier semestre dont les résultats ont été présentés dans l’Étude sur la logistique du fret aérien en Suisse 2020.

 

Le tonnage traité au cours des dix dernières années sur les aéroports suisses est certes passé de 578 000 à 639 000 t, mais la part du fret aérien dans le commerce extérieur, dominé par le fret maritime, stagne à 0,6% à l’exportation et à moins de 0,2% à l’importation. La situation est différente en ce qui concerne la valeur du fret acheminé (tableau 1). Côté exportation, la valeur est passée de 73,4 milliards de CHF (sans or) en 2012 à 102,6 milliards de CHF en 2019 et côté importation de 26,9 à 43,1 milliards de CHF. Dans l’ensemble, 50% des biens suisses exportés en 2019 (en valeur) ont quitté le pays par voie aérienne (2008: 33%) et la part vers les destinations outre-mer – à la première place les États-Unis, suivis de l’Asie (tableau 2) – a même dépassé 80%. À l’importation, la part a plus que doublé, de 15 à 35%.

 

 

Avantages et inconvénients nationaux

Selon le prof. Wolfgang Stölzle, «le moteur du fret aérien sont les marchandises de valeur, chronosensibles et périssables. À l’exportation, des produits pharmaceutiques, machines, montres et autres produits de valeur de l’industrie suisse sont transportés par avion.» Ces produits ont une réputation mondiale comparable à la qualité de la logistique du fret aérien en Suisse. C’est ainsi que 86% des transitaires de ce pays d’Europe centrale expédient leurs envois de fret aérien surtout via les aéroports de Zurich, Genève et Bâle bien que ces derniers soient obligés de faire face à la concurrence d’aéroports voisins tels que Francfort (utilisé régulièrement par 67%), Amsterdam (60%), Luxembourg (40%), Paris CDG ou Milan (chacun 24%). Mais en comparaison européenne, les trois hubs marquent des points grâce à des «vertus suisses» dont la fiabilité, la sécurité et la rapidité. Le haut niveau des coûts en Suisse est qualifié de problématique. Les autres défis en comparaison internationale sont les horaires d’ouverture limités des aéroports et leur accessibilité restreinte vu l’interdiction faite aux camions de circuler la nuit et le week-end.

 

 

Les crises globales comme chance

L’étude se penche aussi sur le climat et admet – en comparant l’expédition d’un envoi de Saint-Gall vers Hong­kong par voie aérienne (via Zurich) avec 567,22 kg de CO2e (TTW) et celle par voie maritime (via Hambourg) avec 9,52 CO2e (TTW) – que le fret aérien «n’est presque jamais justifiable en matière purement écologique». Le fret aérien proprement dit contribue pourtant aux émissions globales de CO2 à hauteur de seulement 0,5%. En Suisse également, des chercheurs travaillent sur des améliorations techniques.

 

À quel point le fret aérien est indispensable à l’économie et à la société, la crise du Covid-19 l’a aussi montré. L’étude lui consacre d’ailleurs un chapitre. La chute de la capacité en soute a prouvé dans un premier temps la fragilité de la logistique du fret aérien. Des carriers futés ont certes compensé les plus grandes lacunes par des avions-cargos, mais «la crise n’est pas terminée», a averti W. Stölzle. Et pire: «Nous ne savons pas encore où nous nous tenons.»

 

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