Bologne, «la rapide»
«L’érudite» (pour son honorable université), «la grasse» (pour sa cuisine très riche), «la rouge» (pour ses maisons en briques ou son orientation politique) – la capitale de l’Emilie-Romagne s’est déjà vue affublée de bien des surnoms. Et on pourrait en ajouter un autre inspiré par la logistique. C’est à ce sujet que Sergio Crespi, managing director d’Interporto Bologna, s’est entretenu avec l’ITJ.
Le centre de transport de marchandises Interporto Bologna a été créé en 1971 et constitue aujourd’hui l’une des plus grandes infrastructures logistiques de toute l’Europe. «120 entreprises travaillent ici sur une surface de 410 ha. Elles y ont traité l’année dernière 1,196 M. de t de marchandises par rail et 12,738 M. de t par camion», résume Sergio Crespi. Ce dernier est, depuis novembre 2015, managing director de l’entreprise exploitée sous forme de PPP et à ce titre à la tête d’une équipe de 26 personnes.
Celle-ci a toujours fort à faire: «En 2018, 1,629 M. de camions ont passé nos portes, soit 7,3% de plus que l’année précédente», précise S. Crespi. Le nombre de trains a certes diminué de 3,6%, à 2737, mais de nouvelles évolutions depuis l’automne dernier entraînent un renversement de la tendance. Durant les deux premiers mois de cette année, le rail a regagné du terrain (+10,1% à 456 trains) par rapport à la route (+6,8% avec 275 475 camions). Mais S. Crespi se montre prudent, car il est difficile de chiffrer l’évolution à venir: «Nous faisons tout notre possible pour augmenter le trafic ferroviaire.» Il existe aujourd’hui des liaisons ferroviaires avec Catane et Tarvisio (trois fois par semaine), Marcianise (une fois) et Padoue (une fois).
Priorité à l’intermodal
Interporto Bologna se trouvant en Emilie-Romagne, l’une des régions les plus industrialisées d’Italie, située près de trois corridors RTE-T (1: mer Baltique–Adriatique, 3: Méditerranée, 5: Helsinki–La Valette), on y mise avant tout sur de nouvelles liaisons intermodales avec plusieurs destinations européennes. Il existe déjà des services de ferroutage en Italie, avec La Spezia, Busto Arsizio, Nola, Bari, Livourne et même avec Zeebrugge en Belgique. Depuis novembre, Interporto Bologna est par ailleurs la destination finale d’une ligne à grande vitesse pour les marchandises (cf. ITJ 47-48/2018, supplément Italie, page 15). Cinq fois par semaine, «Mercitalia Fast» ne met que 3,5 heures jusqu’à Marcianise près de Naples – soit trois fois moins que les trains de marchandises habituels. Sans oublier qu’il est très ponctuel. S. Crespi: «Étant donné qu’on utilise des conteneurs roulants, souvent isothermes, le service s’adresse à des entreprises pour lesquelles la rapidité est capitale ou qui fabriquent des produits légers et petits d’une grande valeur, comme l’industrie de la mode ou pharmaceutique.»
Quelle sera la suite?
S. Crespi part du principe que ce service d’un nouveau genre sera ultra performant d’ici à trois ans. Il prévoit également une occupation intégrale d’Interporto d’ici à 2021, conformément au plan d’Interporto. «Comme il faudra plus de terrain pour la construction d’entrepôts, nous sommes en train d’étendre l’infrastructure à une quatrième zone d’expansion», prévoit-il.
L’ITJ va garder à l’œil la façon dont l’Interporto Bologna pourrait s’intégrer dans les nouveaux concepts intercontinentaux (cf. page 5).