Un coup de main de Berlin?
Première étape d’une stratégie pour tous les ports allemands. Le secteur portuaire allemand veut davantage d’aide de l’État. Jusqu’ici les ports de mer et les cinq Länder côtiers assuraient en fait seuls le financement. Fin mars, le gouvernement allemand a enfin publié une stratégie portuaire nationale portant tant sur les ports de mer que sur les ports fluviaux. Dans ce document de 68 pages manque pourtant un détail décisif.
Comme s’il n’avait pas assez à faire, le gouvernement allemand s’est penché avant Pâques sur les ports maritimes et fluviaux. Il était temps: au simple transbordement de fret que les ports assurent en partie depuis des siècles (Hambourg fêtera du 9 au 12 mai le 835e anniversaire de son port) se sont ajoutées de plus en plus de fonctions charnières pour la nation industrielle.
Après le début de la production d’énergie renouvelable (éolien, hydrogène et limité dans le temps aussi le GNL) et des missions croissantes en matière de sécurité, ce sont aujourd’hui la protection du climat et de l’environnement ainsi qu’en particulier la baisse des émissions qui occupent un espace de plus en plus grand. Récemment s’y est ajouté le cybermonde avec une logistique moderne mais qui demande aussi à être protégée contre les abus et le vol de données.
Rôle important pour toute la nation
En tout et pour tout le secteur portuaire allemand génère 5 M. d’emplois directs et indirects. «Sans les ports du nord de l’Allemagne, la production est aussi à l’arrêt dans le sud du pays», dit le coordinateur maritime du gouvernement, le député vert Dieter Janecek.
Côté finances, les ports et les cinq Länder côtiers se sont en fait pratiquement retrouvés seuls. À peine 38 M. d’EUR ont été dépensés en dernier par Berlin pour les ports. Trop peu, selon Melanie Leonhard, membre du Sénat de Hambourg et chargée de l’économie. Elle demande avec les ports et les autres Länder côtiers nettement plus d’aides de l’État, soit 400 M. d’EUR par an.
«Sans ports pas de nation exportatrice», est une déclaration commune de l’automne dernier citée par M. Leonhard «C’est depuis là qu’est expédié ce que l’Allemagne produit, c’est là que sont créées les relations commerciales globales et qu’est importé ce qui se retrouve dans les rayons des magasins de toute la République.»
Plus de 60% du commerce extérieur allemand est assuré par voie maritime. «Les Länder côtiers à eux seuls ne sont pourtant pas en mesure d’effectuer les investissements considérables nécessaires dans le contexte des défis nationaux à venir et des missions relatives à la transition énergétique, au changement du climat et aussi à la sécurité», ont ajouté les régions côtières allemandes.
Extension de la route et du rail
Les requêtes des dernières années devraient maintenant aboutir à un succès partiel. Une décision gouvernementale de 68 pages a été publiée le 20 mars et se considère comme cadre pour une «politique durable pour les ports et les infrastructures», mais sans détails financiers.
Un vaste catalogue de mesures décrit en 139 points comment se fera le développement «selon les besoins» de 20 ports de la mer du Nord et de la mer Baltique ainsi que des 100 ports fluviaux du pays. Les ports devraient par exemple coopérer plus étroitement et accroître leur sécurité, également pour se protéger contre les cyber-attaques. L’État accorde en outre beaucoup d’importance à l’intégration de l’arrière-pays et à l’extension des réseaux routier et ferroviaire desservant les ports.
Bien que les Länder côtiers, les ports et l’économie portuaire approuvent cette décision – beaucoup de détails viennent de leurs travaux préparatoires de plusieurs années – ils sont d’accord sur le point essentiel de leur critique: le manque de données sur le financement.
Dans une déclaration commune des ministres et sénateurs des ports publiée le même jour, ils demandent comme prochaine étape des subventions de l’État et une compensation plus élevée pour les charges financières particulières des ports de mer «afin de commencer à agir».
La critique du Zentralverband der deutschen Seehafenbetriebe (ZDS) et du Bundesverband Öffentlicher Binnenhäfen (BÖB) a été encore plus sévère: «Il manque dans cette décision du cabinet [...] une condition indispensable: les moyens de l’appliquer.»