La sécurité avant la politique
Brandon Fried, la voix des transitaires US de fret aérien, est un vétéran de la branche ayant une expérience de presque 40 ans. Chargé d’un premier mandat de l’Airforwarders Association en 2000 et nommé executive director en 2005, il s’est entretenu avec Andreas Haug, rédacteur trafic aérien de l’ITJ, de la situation générale du secteur aux États-Unis et des perspectives d’avenir.
Monsieur Fried, vous êtes complètement dévoué au fret aérien. Veuillez décrire en quelques mots ce que fait l’Airforwarders Association.
Nous sommes le groupe de pression juridique et réglementaire des transitaires aux États-Unis et nous nous occupons essentiellement, mais pas uniquement, du fret aérien. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il existe dans ce secteur logistique US de très grands défis depuis quelques années, par ex. dans les secteurs sécurité du fret aérien et cochargement de fret à bord d’avions passagers. C’est là que débute notre travail, pas seulement au Capitol Hill, mais aussi au niveau des différentes administrations gouvernementales.
Quel a été le rôle de l’association dans l’introduction de l’Air Cargo Advance Screening (Acas)?
Nous avons soutenu l’initiative dès le début, c’est-à-dire dès 2010 après la découverte de colis piégés provenant du Yémen. Mais nous n’avons cessé d’insister sur un fait: une inspection complète ne signifie pas toujours une sécurité sans faille. Pour se faire une image complète d’un envoi, il faut répondre à des questions de type: qui est le chargeur? Qui est le destinataire? Nous sommes donc heureux des nouveaux standards qui ont fait leurs preuves lors d’un programme pilote volontaire.
Qu’en est-il des transitaires?
Notre principal objectif était de permettre aux transitaires d’accéder, le plus tôt possible lors du transport, aux données concernant l’envoi. Bien souvent, ces informations sont en effet connues aux USA quelques jours avant le transport physique.
En 2018, Acas a été la première nouvelle réglementation US en matière de sécurité du fret aérien. Quels sont les effets de la réautorisation de la FAA?
Début octobre, peu avant le Tiaca Air Cargo Forum à Toronto, le président US a signé la nouvelle autorisation de la FAA (administration de l’aviation civile) adoptée par le Congrès. Cette loi contient aussi la première réautorisation de la TSA, l’administration de la sécurité des transports créée en 2001. Un point essentiel en est la prolongation du mandat de l’administrateur de la TSA de quatre à cinq ans. Jusqu’ici, ce mandat était dépendant de celui du président US qui pouvait désigner une personne de confiance à la tête de cette administration. Nous pensions toutefois que ce n’était pas une bonne solution: la sécurité nationale doit passer avant les calculs politiques.
Que
ls autres points de cette loi pourraient faire des heureux en particulier dans le secteur fret aérien?
Il y a tout d’abord le fait que le département de la TSA spécialisé dans le fret aérien, fermé il y a quelques années pour des raisons que nous n’avons jamais comprises, a été réactivé. Il est en outre dirigé par un spécialiste de ce domaine possédant une vaste expérience.
Autre point important pour lequel nous nous sommes engagés longtemps: la possibilité de faire appel aux chiens renifleurs de prestataires privés pour l’inspection. Ce qui se fait dans le secteur privé est impressionnant et dépasse en partie les standards de la TSA.
Donc les relations entre les transitaires US et la politique/administration sont détendues. Et celles entre les transitaires de fret aérien et les carriers?
Elles sont marquées par la coopération. Nous collaborons étroitement avec l’Iata, Airlines for America (association faîtière des compagnies US) et d’autres. Nous remplissons leurs avions et sommes leurs clients. Chacun fait ce qu’il fait le mieux, c’est pourquoi les compagnies ne remplaceront pas les transitaires.