Le ciel est ouvert
Le marché a boosté la stratégie et le résultat de K+N.
Les fameuses ruptures des supply chains n’ont pas pu freiner Kühne+Nagel en 2021. Au contraire: le groupe a réalisé un résultat record, dû à la croissance organique, à des acquisitions et à la numérisation, et a fait avancer la «Roadmap 2024».
L’ambiance est formidable à Schindellegi en dépit de la situation politique extrême en Europe de l’Est. Il est vrai qu’en 2021 le leader du secteur de l’expédition a établi toute une série de records. Questionné à propos de l’impact direct du conflit en Ukraine sur la société, Detlef Tretzger, CEO, a déclaré qu’environ 2% des collaborateurs viennent de Russie ou d’Ukraine et qu’il n’existe pas de grand centre de K+N dans les zones de combat.
Des résultats brillants
Dans son domaine de prédilection le fret maritime, K+N a expédié «dans un environnement exigeant» 4,6 M. de TEU, soit seulement 2% de plus que l’année précédente, mais le chiffre d’affaires net a presque doublé (+93%) pour atteindre 13,7 milliards de CHF.
L’acquisition d’Apex dans la région transpacifique ainsi que la demande élevée ont entraîné dans le secteur du fret aérien une très forte croissance: 2,2 M. de t (+55%) et un chiffre d’affaires net de 10,8 milliards de CHF (+108%). À noter qu’en 2021 le groupe a traité pas moins de 1700 vols charter.
Dans le secteur des transports terrestres, autrefois un gros souci, le volume a augmenté de 13% (soit 24,4 M. de commandes), la croissance a certes été moins prononcée mais le chiffre d’affaires net s’est révélé solide avec 3,7 milliards de CHF (+15%).
Seule la logistique contracturelle a subi une baisse du chiffre d’affaires net (–6% à 4,6 milliards de CHF), imputable à des désinvestissements, entre autres en Grande-Bretagne. Mais l’Ebit a doublé pour atteindre 156 M. de CHF. D. Trefzger, CEO, a souligné que la demande de solutions 4PL automatisées augmente sur ce segment. La spécialisation de ce secteur, dans lequel 100 centres de distribution sont orientés vers la pharmaceutique et la santé et 175 vers l’e-commerce fulfilment, reflète l’approche stratégique de K+N.
Points forts, tendances et stratégie
Markus Blanka-Graff, CFO, a certes présenté les chiffres de façon impassible mais cela ne cache pas le fait que le groupe a des options à foisson. Avec un chiffre d’affaires net qui a sauté en un an de 20,3 milliards de CHF à 32,8 milliards et un bénéfice net de 789 M. de CHF en 2020 contre 2,16 milliards de CHF en 2021, beaucoup de choses semblent en effet possibles. Questionné à propos d’éventuelles acquisitions compte tenu des caisses bien remplies de l’entreprise, D. Trefzger a souligné que la taille éventuelle d’une transaction n’est pas déterminante. «Nous allons plutôt nous intéresser à des spécialistes du trafic aérien et maritime dans certains secteurs et niches ainsi qu’à des partenariats dans le domaine technologique.» La numérisation du groupe est visible à beaucoup de niveaux, entre autres dans l’amélioration des marges grâce au programme «e-Touch». Ce sont au total presque 1,3 M. d’heures de travail manuel qui ont été automatisées entraînant une baisse des coûts de 1,8%. «Un effet durable», a tenu à souligner M. Blanka-Graff.
La société a adapté ses activités aux grands moteurs pharmaceutique et santé (presque 1,2 M. de doses de vaccin ont été livrées en 2021 à 90 pays) et e-commerce (210 M. de commandes en ligne ont été traitées en 2021). Ces efforts s’appuient sur la «stratégie propre à la société et non élaborée par des conseillers» de mettre le client final au cœur des planifications même si les commettants directs viennent du segment B2B du commerce et de la production. En ce qui concerne l’application de cette stratégie appelée «Roadmap 2024», la société a fait des progrès considérables en 2021. Les objectifs financiers ont été nettement dépassés.
Pour l’année en cours, K+N se déclare optimiste: non seulement un avion loué à Atlas Air va opérer à partir de septembre sous les couleurs de K+N, mais les perspectives commerciales sont positives vu la croissance prévue de 4,3% en dépit des incertitudes géopolitiques au niveau mondial et de la raréfaction des capacités.
À noter que D. Trefzger va céder la barre, pour raisons familiales, au terme de dix années au sein du groupe.