Pas des idées en l’air!
Entretien avec Mohanned Badri, VP Operations Performance, Saudia Cargo. Les chiffres actuels de Saudia Cargo promettent un grand avenir, a déclaré Mohanned Badri, depuis 21 ans dans le secteur du fret aérien, à Andreas Haug, rédacteur de l’ITJ lors de l’Air Cargo Europe. Le développement à la vitesse grand V du flag carrier saoudien n’est pas resté inaperçu: des aéroports chinois, entre autres, cherchent à attirer la division fret qui exploite déjà une plaque tournante à l’étranger, à Liège.
Monsieur Badri, quelle a été la performance de Saudia Cargo en 2022?
Elle a été formidable tant en termes financiers que dans le secteur opérationnel. Côté On-Time Performance, nous avons enregistré avec 92,7% le meilleur résultat de notre existence. Au cours des années précédentes, il s’est agi de 90, 87 et 83%. Au niveau de la branche, nous devançons ainsi largement le second (87%).
En ce qui concerne les résultats financiers de Saudia Cargo, ils se sont améliorés de 110–120% en 2020 par rapport à 2019. L’année dernière, nous avons dépassé de presque 400% les chiffres de 2019. Cette année sera toutefois un peu plus compliquée: au premier trimestre, la capacité a augmenté de 9% mais la demande a baissé de 11%. Dans l’ensemble, nous dépassons pourtant encore le niveau de 2019.
Parlez-nous des perspectives pour le reste de l’année. Sur quoi reposent-elles?
Nous nous appuyons sur de nombreux indicateurs et données, mais ces dernières années ont montré à quel point il est difficile de faire des prévisions: des choses qui semblaient sûres ont changé du jour au lendemain en raison d’une pandémie ou d’une guerre. Nous sommes fortement touchés par le conflit armé au Soudan, un partenaire commercial important de l’Arabie Saoudite. Je m’attends à un développement modeste, à moins que nous nous ne profitions d’une haute saison forte. Mais il n’y en a déjà pas eu l’année dernière.
Comment réalisez-vous cette croissance?
Eh bien, notre patrie c’est l’Arabie Saoudite, géographiquement placée au «centre du monde» et le royaume a une vision ambitieuse, «Vision 2030», qui met l’accent sur la logistique multimodale. L’économie stimule les efforts de l’État et le pays a le plus grand marché consommateur du Proche-Orient. Rien que pendant le Hajj s’y ajoutent quelque 5 M. de personnes/consommateurs. Ce qui explique le fait que cette région Iata a été la seule à progresser au premier trimestre, certes légèrement, mais elle a progressé.
Saudia Cargo n’est pas la seule concurrente dans cette région. Que fait-elle mieux que d’autres?
Elle a des liens très étroits avec ses clients. Nous les qualifions de «partenaires», ce qui implique des liens à long terme. Dans ce contexte nous avons prorogé récemment notre partenariat stratégique avec Cainiao, la branche logistique d’Alibaba [cf. ITJ Daily, 12/05/2023].
Nous accordons aussi beaucoup d’importance à la qualité. Nous ne «déplaçons» pas seulement le fret, nous nous occupons du fret. Nous ne sommes peut-être pas (encore) aussi grands que d’autres prestataires, mais nous offrons une qualité élevée.
Revenons à la taille: combien d’avions comprend votre flotte?
Actuellement sept gros porteurs et un huitième s’y ajoutera bientôt. Nous espérons pouvoir multiplier les avions par deux au cours des trois à quatre prochaines années. D’ici 2030, il devrait s’agir de 34 avions all-cargo, avec l’aide de l’État. L’objectif est de transporter 4,5 M. de t de fret aérien vers et via l’Arabie Saoudite. Il s’agit de 2,7 M. de t actuellement. Je sais cela semblent être des idées en l’air, mais le développement de ces dernières années nous permet de nourrir de telles ambitions.
Et ce malgré la pandémie...
Oui et à cause d’elle. En laissant de côté les pertes humaines dramatiques, cette crise a boosté le fret aérien. Elle a été un «Moneymaker» du trafic aérien et beaucoup de carriers l’ont compris et transforment des avions passagers en cargos. Nous également: sept B777 seront transformés.
Où opèrent-ils essentiellement?
Nous desservons Liège 15 à 20 fois par semaine, Amsterdam cinq fois et Francfort quatre fois. 55% de notre transbordement est généré par la ligne Hongkong–Europe, depuis où nous touchons les USA. Dans le cadre de notre projet de croissance, Saudia Cargo a l’ambition de créer un hub en outre-mer.