Un esprit d’avant-garde
Le secteur des transports dépassé, désuet, vieillot? Sans parler de la numérisation qui n’y aurait pas sa place? Sauf pour détruire des emplois? Erreur! La démonstration du contraire se trouve entre autres près de Linz en Autriche. Christian Doepgen s’est entretenu avec Thomas Sticht, manager et co-fondateur d’ACS Logistics, de ces détails qui font la différence.
Tradition et décontraction font bon ménage ici. Le manager Thomas Sticht est vêtu d’un polo, même si les premiers jours de l’entreprise remontent à 2011 et qu’elle célèbre déjà son dixième anniversaire cette année avec un chiffre d’affaires prévisionnel d’environ 40 M. d’EUR réalisé avec un effectif de 45 personnes. Il y a quelque chose de singulier ici. Mais qu’est-ce que c’est?
Une atmosphère différente
«Nous vivons la culture startup», explique T. Sticht. Que faut-il comprendre? Il est question d’égalité des chances. Les candidats sont recrutés principalement sur la base de leur profil, indépendamment de leur formation antérieure, avec l’aide, parfois, de professionnels des ressources humaines extérieurs. «Aucun candidat ne dispose de trois mois pour une procédure de sélection», déclare par exemple T. Sticht, en soulignant ce qui compte en matière de communication chez ACS Logistics: «Le processus doit être rapide, informel et direct.» La société axe la promotion sur des critères de performance, nous élaborons des concepts de développement individuel pour chaque employé et nous faisons appel à des hiérarchies plates. Le succès de l’entreprise parle de lui-même. «Nous sommes débordés», rapporte le manager.
Des clients sélectifs
Les entreprises de logistique ont fort à faire actuellement, mais l’expansion d’ACS Logistics a débuté avant. «Nous enregistrons une croissance de 30% par an depuis un certain temps», déclare T. Sticht. La recette du succès de son entreprise réside selon lui dans la sélection soigneuse des clients, car le paysage économique de l’Autriche se compose à environ 95% de PME. «Notre taux de pénétration de marché n’est pas très important», explique T. Sticht, «mais nous entretenons des liens étroits avec chacun de nos clients.» C’est là que réside le secret de la réussite qui se traduit notamment par une faible quantité de réclamations. Processus épurés, personnel motivé et approche technologique semblent constituer le cocktail gagnant.
«Un transitaire intelligent»
«Nous sommes en train de passer du statut de transitaire à celui de smart forwarder», décrit-il en admettant le caractère éculé de cet anglicisme. ACS Logistics s’est positionnée précocement en Autriche sur le plan technologique avec la plateforme «Cargowise» et élabore les applications de manière individuelle. 90% des documents transitent par le système sans papier et ce n’est qu’un aspect des choses. Chaque collaborateur dispose en effet d’un «cockpit» technologique propre à son poste de travail. Comment ça fonctionne?
«Grâce au logiciel Bridge2C développé par nos soins, nous pouvons par exemple mieux numériser les processus opérationnels», révèle le manager. Cela permet au collaborateur de se concentrer sur la gestion des clients avec moins de stress, de conserver un haut niveau de service. Cela permettrait, selon une étude, de réduire le temps de travail par expédition de près de 17%.
T. Sticht considère comme dépassé le modèle classique de «Tracking and Tracing», qui envoie souvent au client des informations superflues en plus des informations importantes. «Nous souhaitons passer d’un flux textuel non filtré à un mode visuel intelligent», dit-il. Avec l’aide de ses graphistes, il présente des images en 3D de transporteurs intermodaux, qui sont colorés individuellement sur un fond de paysage et fournissent des informations supplémentaires sur leur statut d’expédition respectif. Cela permet de fournir au client une expérience émotionnelle en plus des données factuelles.
Le chemin parcouru par ACS Logistics n’est pas passé inaperçu comme en atteste un mur garni de trophées récompensant les prestations de la startup devenue grande. On y distingue le prix de l’économie autrichien Hermes, par trois fois, en 2018 et 2019 dans la catégorie logistique et en 2020 pour les prestations de service. «Le modèle commercial de l’entreprise reste celui d’un smart forwarder régional qui se focalise sur l’industrie autrichienne», dit le manager. Une déclaration modeste compte tenu du dynamisme ambiant.