Forte pression sur les marges
Entretien avec Rolf Hadolt, propriétaire et chief executive officer du groupe Hadolt. C’est un article très personnel que Josef Müller, correspondant de l’ITJ, nous envoie de sa visite près de Graz où il a été accueilli chaleureusement par Rolf Hadolt. Ce dernier se montre optimiste pour la marche des affaires en 2024 et apprécie le pouvoir économique autrichien tout en critiquant la politique de Vienne et Bruxelles. Son bonheur: une bonne goutte du pays de sa femme.
Lorsque Rolf Hadolt fait une rétrospective de 2023, il voit un bilan annuel mitigé: le chiffre d’affaires de 60 M. d’EUR s’est certes maintenu au niveau de 2022, mais la pression s’exerçant sur les marges Ebit a été forte. «Nous avons vécu cela surtout dans le fret aérien et le fret maritime. L’année passée n’a pas été facile pour nous», résume R. Hadolt en s’adressant à l’ITJ.
Le patron du groupe Hadolt comptant 250 collaborateurs, un parc roulant de 150 camions et d’autres actifs se montre néanmoins satisfait. «Telle que se présente l’année 2024, nous avons de bonnes raisons d’être optimistes», ajoute le manager âgé de 63 ans qui, après 47 ans dans la branche, a d’ores et déjà intégré son fils Felix dans l’entreprise.
La durabilité calculée au plus près
L’augmentation du coût de la main d’œuvre et la taxe sur le CO2 depuis le début de l’année répercutées sur les clients, et pour lesquelles ces derniers font preuve de compréhension, sont des facteurs pesant sur les marges. R. Hadolt mise sur la durabilité.
C’est d’ailleurs visible au siège social à Kalsdorf, autonome en matière énergétique dès la mi-2024. L’extension de l’installation photovoltaïque sur les toits coûte 200 000 EUR. Il s’agit d’un investissement important qui devrait un jour être payant.
D’autant plus qu’un nombre croissant de clients demandent lors des appels d’offres des preuves de l’engagement en faveur de la durabilité. Dans le parc roulant, de plus en plus de camions consomment du HVO100: le coût de cette alternative au gazole est certes supérieur de 5% mais la taxe sur les carburants ne s’applique pas et les émissions de CO2 baissent de 90%.
Concernant l’avenir de l’e-mobilité des camions, R. Hadolt se montre vite irrité et dit clairement: «Ce ne sont que des paroles en l’air et j’y vois surtout un gag publicitaire. Les camions du trafic routier à longue distance ne pourront jamais complètement opérer avec du courant et ce de façon rentable.»
À son avis, les camions à hydrogène ou à e-fuel auraient davantage de perspectives d’avenir comme propulsion alternative. Les camions électriques pourraient constituer une solution passagère, dans la mesure où l’infrastructure nécessaire existe. R. Hadolt: «Nous ne pouvons bannir le moteur à combustion: sa technique se trouve aujourd’hui à un très haut niveau, le gazole est déjà très propre et les camions consomment nettement moins que par le passé.»
La politique oblige les constructeurs à produire des camions électriques et à hydrogène. L’entrepreneur dont le modèle d’affaires s’appuie sur les camions ne le comprend pas. Il n’est pas le seul à penser ainsi: de nombreux collègues et la Fédération centrale de l’expédition et de la logistique critiquent massivement l’obligation politique en faveur de l’e-mobilité dans le secteur PL. Ils demandent la liberté technologique et de choix pour les entreprises concernant les camions qu’elles souhaitent aligner pour leurs besoins.
Diversité et harmonisation
Questionné à propos de la politique, le visage de R. Hadolt s’assombrit: «Ce qu’il nous faut en Autriche, c’est un développement du rail et de la route ainsi qu’une politique des transports européenne coordonnée qui ne se traduit pas par des réglementations exagérées.»
R. Hadolt est aussi patriote: «En Autriche, nous avons une économie qui fonctionne bien, de bons produits et de bonnes entreprises.» Avec la taxe sur le CO2, les sites économiques et logistiques autrichiens seraient toutefois menacés.
R. Hadolt se détend de nouveau en contemplant les quelque 3000 bouteilles de sa collection de whisky exposées dans son bureau, sa seconde grande passion aux côtés de la logistique. Il s’agit sans doute de la plus grande collection en Autriche et elle contient même 500 bouteilles du Japon, la patrie de son épouse.