Une poussée de fièvre d’achats
Gagner en un an autant qu’en dix pousse au shopping à outrance. Les grands transporteurs maritimes ont réalisé en 2021 des bénéfices d’environ 80 milliards d’EUR. Le carrier genevois MSC, dont le bénéfice n’est pas contenu dans ce total, se distingue par des ambitions expansionnistes. Il y a bien longtemps que les investissements dans la logistique et la couverture régionale ont été aussi élevés.
Il est possible d’arriver très rapidement à la pointe. Les grands armements ont réalisé l’année dernière des bénéfices de quelque 80 milliards d’EUR (cf. ITJ 49-52/2021, page 7) et l’armement de navigation hauturière MSC, dont le siège est à Genève et qui ne publie pas de résultats en tant que société privée, vise clairement l’expansion.
Une lutte solitaire pour le leadership?
Les acquisitions ont tendance à cacher que malgré les grandes alliances la concurrence entre les grands carriers n’est pas terminée. Au tournant de l’année, MSC a pourtant atteint une étape clé.
Comme il fallait s’y attendre, Maersk, le plus grand armement mondial en fonction des capacités opérationnelles, a été évincé de la première place. Les plus récentes statistiques d’Alphaliner concernant la flotte montrent qu’avec 645 porte-conteneurs ayant une capacité totale d’environ 4,29 M. de TEU. MSC détient une part du marché mondial d’exactement 17%. Il est remarquable que cette croissance ne provient pas de fusions et de reprises mais a une origine organique marquée par des navires neufs et l’acquisition d’unités d’occasion. L’armement danois a pour sa part d’ailleurs toujours souligné vouloir se focaliser sur sa stratégie de rentabilité et non pas sur la taille de la flotte. En raison de commandes confirmées d’environ 1 M. de TEU, l’armement suisse devrait renforcer sa position au premier semestre 2022 au fil de la mise en service de bâtiments neufs.
Un secteur logistique devient une pieuvre logistique
Depuis que Søren Skou a pris la barre chez Maersk, en juin 2016, sa stratégie de couverture de toute la supply chain, y compris les prestations de services logistiques, est devenue un credo dans la navigation en haute mer, ce qui n’enchante bien évidemment pas vraiment les autres acteurs.
Les dominos tombent rapidement: Maersk a acquis peu avant Noël le groupe de logistique contractuelle F Logistics (223 entrepôts) pour 3,2 milliards d’USD, CMA CGM a repris le segment e-commerce et omni-channel (CLS) de la californienne Ingram Micro pour 3 milliards d’USD, Ceva élargit son département logistique et mise sur son propre département fret aérien. Mais dans ce domaine également, MSC bat ses concurrents. En décembre 2021, MSC a en effet conclu un accord avec le groupe français Bolloré pour acquérir Bolloré Africa Logistics, un prestataire de services logistiques et exploitant de terminaux en Afrique. La transaction se fera sur la base d’une valeur estimée à 5,70 milliards d’EUR. Au T1 2022, MSC compte en outre boucler sa première acquisition d’un groupe d’expédition en reprenant 67% de la société logistique brésilienne Log-In Logistica. Les choses avancent à la vitesse grand V.
La concurrence d’éviction se poursuit en même temps. L’association européenne des transitaires Clecat pousse l’UE à intervenir contre Maersk et Hamburg Süd qui offrent désormais leurs emplacements non plus via des réservations directes mais sur le marché spot. L’issue est incertaine.