La branche tire profit de la crise
Un entretien avec Fabrice Panza, manager global cool chain solutions, Etihad Cargo. En 2022, on produira probablement deux fois plus de vaccins anti-covid qu’en 2021 et 40% seront acheminés par avion. Fabrice Panza relate la manière dont le fret aérien en général et Etihad Cargo en particulier tentent de tirer profit de la crise suivant l’adage de Winston Churchill, notamment en termes de chaîne logistique et de clients finaux. Le cadre français est actif dans l’aérien depuis 1998 et responsable depuis deux ans, après 20 ans de service chez Air France, du développement axé sur les produits périssables d’Etihad Cargo.
M. Panza, quelles ont été les évolutions chez Etihad Cargo dans le secteur de la pharma depuis 2020?
En deux ans, tout le secteur aérien d’Etihad Airways a été transformé. Les solutions de réfrigération actives et passives revêtent un rôle crucial dans le triplement de nos volumes pharma par rapport à 2020. Notre engagement au sein du Consortium Hope (cf. ITJ 11-12/2021, page 6) dans le cadre duquel nous assurons le pré-transport vers l’entrepôt d’Abu Dhabi ainsi que la redistribution globale de médicaments est nouveau et inhabituel pour une compagnie aérienne.
Ainsi avons-nous transporté 250 M. de doses de vaccin contre la covid-19 dans 40 pays en 18 mois. Ces vaccins ne représentent que 30% de notre volume pharma, ce qui en dit long sur l’efficacité d’Etihad Cargo, une entreprise relativement petite.
Quel est l’avenir immédiat d’Etihad?
Nous avons investi dans une nouvelle infrastructure dédiée aux produits pharmaceutiques qui sera opérationnelle en juin. Parallèlement, nous élargissons l’utilisation de couvertures thermiques de dernière génération à l’ensemble de notre réseau de 70 stations spécialisées dans le transport de produits pharmaceutiques.
Qu’en est-il du numérique?
Nous travaillons sur une sorte de «couloir pharma 2.0» permettant de suivre l’état d’un envoi de manière entièrement numérique. Nous avons à tout moment des données réelles sur un site concernant la température d’un envoi, pouvons les comparer au statut prévu et réagir sans tarder en cas d’écart. Nous commençons par la liaison Abu Dhabi–Bruxelles.
Cette solution a-t-elle été développée par la compagnie aérienne?
Nous avons donné corps à la notion de «coopération» ces dernières années. Comme en témoignent le Consortium Hope et le lobby Pharma.Aero, grâce auxquels nous avons eu des échanges ciblés. Le création de ce couloir, mais aussi la fondation de la Pharma Supply Chain Master Class avec une deuxième année de formation en septembre à Abu Dhabi, en sont les résultats. La recherche et l’industrie échangent directement et développent des projets concrets, par ex. dans le domaine de l’IA ou de l’emballage.
Quelle est l’importance du secteur dont vous êtes responsable?
La part des ventes réalisées sur la base des marchandises thermosensibles a crû de dix points depuis 2020 pour atteindre 20% de l’activité totale d’Etihad Cargo.
Avez-vous d’autres nouvelles «fraîches»?
Nous allons généraliser l’usage de nos couvertures thermiques et nous aménageons aussi un entrepôt exclusif pour les denrées périssables. Comme pour le secteur pharma, nous misons sur la compliancy, et nous sommes certifiés selon la norme CEIV Live Animals. Etihad Cargo est d’ailleurs l’une des premières compagnies aériennes à cumuler les étiquettes Iata Fresh, Pharma et Live Animal».