Optimisation sous tension
Projets phares de la logistique de trois différentes branches. Le 38e colloque zurichois de la logistique a eu lieu à École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ ). Une nouvelle fois divers cas de la pratique logistique ont été présentés par des spécialistes. La question clé ayant été l’optimisation. L’organisateur Dr. Acél a répété son credo: «La compétence méthodique et l’esprit transversal sont certes chronophages, mais ils sont durables.»
Une fois de plus le colloque zurichois de la logistique au foyer des maîtres de conférences de l’EPF de Zurich a accueilli beaucoup de participants début mai, à savoir quelque 70 invités des secteurs industrie et économie.
La première étude de cas a porté sur le transfert, en 2020, du siège social de la société Elektro-Material AG Zürich (EM), un grossiste âgé de 110 ans du secteur de l’électronique, vers un centre logistique moderne. EM ne dispose pas d’un entrepôt central mais de neuf succursales afin d’être le plus proche possible des clients. Le centre logistique a été mis au point par EM en coopération avec Dr. Acél & Partner.
Jean Philippe Burkhalter, responsable opérations (COO) et membre de la direction d’EM, a placé au cœur de son intervention la devise modifiée du design: «Shape follows function.» Au lieu de suivre la forme, la planification du nouveau bâtiment a tenu compte des processus opérationnels: 90% des activités logistiques ont lieu au rez-de-chaussée.
Un taux d’automatisation élevé accroît en outre l’efficacité de la logistique. Le projet, qui s’est déroulé de 2017 à fin 2020 en transférant non seulement l’entrepôt pour petites pièces mais aussi 170 collaborateurs vers le nouveau site distant de 4 km, a permis d’y démarrer les activités comme prévu début 2021.
L’électricité a elle aussi sa logistique
La question clé: «L’approvisionnement en énergie est-ce une tâche logistique?» a été posée par Maurus Bachmann, gérant du Verein Smart Grid Schweiz (VSGS) et de Swisseldex, en amont de son exposé. Bien que l’approvisionnement en électricité soit rarement considéré ainsi, il fait partie de la logistique high-end. La performance logistique fournie actuellement par le réseau électrique suisse est exemplaire pour beaucoup d’autres entreprises. Sa disponibilité est aujourd’hui de plus de 99,99%.
Le défi dans ce domaine consiste, entre autres, à «stocker l’électricité». Compte tenu des énergies renouvelables, il est de plus en plus nécessaire de stocker de l’énergie saisonnière (solaire ou éolienne). La multitude de technologies provisoires pose un problème politique en matière de régulation.
Les hésitations et les compétences techniques insuffisantes rendent la création de nouvelles infrastructures plus difficile. Rien que dans l’intégration de l’énergie solaire de nombreuses questions sont en suspens.
La production d’énergie doit être adaptée en permanence à la consommation, tant localement que temporellement. La mission est complexe: quelles sont les conditions-cadres de la production, que fournissent les réseaux électriques, quels sont les modèles d’utilisation locaux existants et comment relever les défis de la production saisonnière? Il faut répondre à ces questions car l’approvisionnement en courant a besoin d’une logistique parfaitement adaptée afin de mettre à disposition, en temps réel, la tension et le volume adéquats.
Selon M. Bachmann, des conditions claires sont indispensables pour mettre en place le réseau de distribution du futur et réorganiser/régler l’approvisionnement électrique, de la production à la consommation.
Transeuropéen et souabe
Le troisième intervenant, Wolf-Dieter Tigges, responsable technique S-Bahn Francfort-Friedberg/Gateway-Gardens, DB Netz AG, a présenté un grand projet d’élimination de déchets dans le cadre de Stuttgart 21. Ce point nodal du projet ferroviaire «Stuttgart-Ulm» vise l’extension du réseau ferroviaire transeuropéen sur l’axe central ouest-est, également pour optimiser le transport de fret.
L’élimination des déblais et déchets de démolition semblait être en apparence un détail de l’énorme projet portant sur la transformation de la gare centrale de Stuttgart en une gare de passage souterraine. Mais en plein centre-ville, les contraintes étaient très sévères concernant les effets des nuisances sonores, des secousses, de la poussière, de la saleté et de l’éclairage artificiel.
D. Tigges a évoqué, entre autres, la création d’un nouveau système de routes pour le chantier afin que le transport routier public ne soit pas perturbé. L’élimination se fait à hauteur de 98% sur le rail et la route et le volume transporté est contrôlé de façon précise grâce à un système électronique de gestion des déchets. De nouvelles techniques ont permis de faire baisser les émissions. Pas de territoire inconnu sans innovation. Dans le cadre du projet, un nouveau conteneur intermodal a été mis au point avec Schmitz Cargobull, a révélé D. Tigges.
Le colloque, qui occupe selon le prof. Wegener depuis 40 ans «une place fixe» dans l’EPFZ» s’est terminé par des échanges animés devant la coulisse d’une ville baignée de soleil.