«J’ai le plus beau job»
Peter Gerber travaille pour Lufthansa depuis 1992. Depuis mai 2014, il est responsable du fret, après de longues années dans le secteur passagers. Et il ne semble pas le regretter. C’est l’impression qu’a eue Andreas Haug, rédacteur de l’ITJ, à l’Air Cargo Africa en février. La manifestation à Johannesburg était pour P. Gerber une nouvelle occasion de booster le rayonnement international de la société.
Monsieur Gerber, la fin de l’A380 signifie-t-elle que les avions ayant plus de deux réacteurs vont disparaître?
Oui, définitivement. La preuve: ces dernières années plus aucune compagnie n’a commandé d’avions ayant plus de deux réacteurs. Nous retirons progressivement et de manière très souple de notre flotte le MD-11F à trois réacteurs. À terme, nous disposerons presque exclusivement de B777F modernes. Aujourd’hui, il est possible d’opérer avec des avions plus petits mais avec les mêmes coûts unitaires. C’est surtout dû à la moindre consommation de carburant positive pour l’environnement, les coûts etc..
Venons-en aux chiffres: comment s’est déroulé 2018 pour Lufthansa Cargo?
Nous avons amélioré notre résultat record de 2017 de 2% à 268 M. d’EUR. Nos prestations fret aérien ont augmenté de 1% à 8,934 milliards de FTK.
Et qu’attendez-vous pour 2019?
Dans l’immédiat, je ne vois aucune raison pour une mauvaise marche des affaires en 2019. Mais je pense exprimer la même réserve que tous les autres actuellement: il est vrai que l’année a commencé plus lentement que 2018 et on sent une certaine retenue, et cela partout. Pour moi il est difficile de dire où cela aboutira. Il n’est en effet pas encore clair s’il s’agit d’une phase passagère ou si le secteur dans son ensemble doit se préparer à un recul des affaires.
Il y a les événements imprévisibles et d’autres prévisibles. Parmi ces derniers figurent le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis ainsi que le Brexit...
À condition qu’il ait lieu et si oui sous quelle forme. Et même si les événements susmentionnés n’ont pas d’effets concrets sur le fret aérien: tout dépend de la façon dont ils «atterrissent» dans l’esprit des gens. Je crois que le sentiment d’insécurité est actuellement prédominant et entraîne une certaine retenue. Mais si trop de consommateurs se retiennent en même temps, cela peut aboutir à un recul réel des affaires.
Quelles sont les conditions sur votre plaque tournante Frankfurt Rhein-Main?
Elles sont stables. Le bon côté est simplement son excellente situation géoéconomique. Je ne cesse de répéter: Francfort est pour le fret, ce que Londres est pour le trafic passagers. Il y a certes quelques aspects plus sombres, par ex. les restrictions côté exploitation. L’interdiction de voler la nuit a ainsi plombé notre bilan annuel de 40 M. d’EUR. Mais Francfort est irremplaçable et nous payons pour la situation.
Quelle est la contribution de Swiss World Cargo au résultat fret du groupe?
Nous avons certes deux différentes marques et AWB, mais un objectif clair: harmoniser complètement les processus au cours des cinq années à venir. Les secteurs IT et ventes ont font partie.
Un coup d’œil au-delà du groupe: comment évoluent les joint-ventures?
Tout ce qui est en place fonctionne parfaitement. L’extension se fait pas à pas. Avec ANA Cargo, nous opérons dans les deux directions et pendant le semestre en cours nous allons également atteindre ce stade avec United Cargo et Cathay Pacific Cargo.