Investir dans la sécurité
Le plus récent rapport «State of Freight» a été présenté par le groupement d’intérêt des ports états-uniens. Des investissements de l’État sont demandés et c’est peu surprenant, mais le volume et l’objectif sortent de l’ordinaire.
Les groupes de pression ont leur propre style et on s’y habitue à la longue. Il s’agit en général de la description d’une situation actuelle catastrophique dans une branche indispensable, suivie d’un appel urgent demandant aux pouvoirs publics d’agir immédiatement. En clair d’investir suffisamment de fonds publics et donc de garantir un avenir dorée. Le plus récent rapport sur l’état de l’économie portuaire, «State of Freight», diffère pourtant en quelques points du scénario habituel du groupement d’intérêt des ports états-uniens (American Association of Port Authorities – AAPA).
Focalisation sur la sécurité
Dans son plus récent rapport, le quatrième de la série «State of Freight», l’AAPA a relevé un besoin d’investissement de presque 4 milliards d’USD pendant une période de dix ans. Cette somme n’est pourtant pas destinée aux outils classiques du transbordement de conteneurs, mais plutôt aux besoins des ports et des chaînes d’approvisionnement en matière de sécurité. Ces besoins ont été déterminés sur la base de l’état actuel des installations portuaires américaines. Celles-ci doivent être entretenues et agrandies de manière à être prêtes pour les nouveaux scénarios en développement.
Qu’est-ce que cela signifie dans le détail? Ce rapport recommande par exemple de réorienter le programme existant de subventions de l’État pour la sécurité des ports (Port Security Grant Programme – PSGP). Il comprendrait des subventions estimées à 2,6 milliards d’USD pour l’entretien et la modernisation d’installations et de systèmes de sécurité dans les ports ainsi qu’un montant supplémentaire de 1,3 milliard d’USD pour des investissements dans la lutte contre lesdites «autres menaces pour la sécurité». Ce dernier point contiendrait par exemple des risques très divers tels que des cyberattaques, tueries, drones, interruption de services etc.
Le programme existant, adopté après le 11 septembre, paraît jusqu’ici assez modeste. Les États-Unis investissent actuellement environ 100 M. d’USD par an dans le PSGP pour protéger les ports contre les menaces planant sur leur sécurité.
Selon l’AAPA, les moyens financiers sont beaucoup trop peu élevés surtout si l’on prend en considération la valeur annuelle des activités de transport de marchandises et de passagers. Le groupement d’intérêt rappelle que les ports représentent tout de même un quart de l’économie US. S’y ajoute que les exigences en matière de sécurité ont changé dans les ports. Depuis le 11 septembre, non seulement la population US a crû d’environ 15%, mais jusqu’à fin 2017 le volume de conteneurs a, lui, augmenté de 71% et le tonnage global traité dans le commerce extérieur de 37%. Sans oublier le trafic passagers qui a presque doublé.
Kurt Nagle, président et CEO de l’AAPA, a déclaré dans son commentaire: «Nous n’avons pas seulement constaté que les moyens pour le programme de sécurité des ports doivent être multipliés par quatre à 400 M. d’USD par an, mais aussi que la part des subventions allant aux ports doit être doublée à au moins 50% afin de pouvoir prévoir et réagir de façon adéquate aux menaces planant sur la sécurité.»