Ne pas lésiner sur les moyens
Entretien avec Or Zak, chief commercial officer, Challenge Group. Le secteur du fret aérien est très dur, c’est bien connu. De nouvelles compagnies aériennes fret essaient de se tailler une part du gâteau. Beaucoup de start-up disparaissent pourtant aussi rapidement qu’elles sont nées. Rares sont celles qui s’affirment sur le marché. Challenge Air en fait certainement partie.
«En nous focalisant sur le fret spécial et nos prestations «end to end», nous avons eu beaucoup de succès jusqu’à présent et avons pu nous établir sur le marché. Combinée aux ajustements nécessaires à la situation actuelle du marché, cette stratégie «à deux piliers» continuera de constituer la base de notre modèle d’affaires», a déclaré Or Zak, COO de Challenge Group.
«Nous sommes pourtant toujours ouverts à de nouvelles possibilités et opportunités s’offrant à nous à l’avenir. Nous nous estimons bien positionnés et préparés aux futurs défis et turbulences, de façon à pouvoir offrir également à l’avenir à nos clients ce que beaucoup d’entre eux demandent: la sécurité des chaînes d’approvisionnement», poursuit-il.
De gros investissements
«Le transport de fret spécial, par exemple d’animaux vivants (y compris des animaux sauvages destinés à de nouvelles réserves), de réacteurs d’avions ou de colis surdimensionnés, correspond à 60% de notre volume de fret . Et 70% de cette part profitent en outre de nos prestations end to end», ajoute O. Zak.
Compte tenu de cette part élevée de fret spécial, de façon générale, et de la demande encore élevée portant sur des marchandises de l’e-commerce en particulier, Challenge investit actuellement considérablement dans plusieurs secteurs, par exemple dans de nouvelles infrastructures et de nouveaux équipements, dans l’IT et dans ses compétences.
Challenge Logistics s’allie ainsi, pour ses clients, à la plateforme en ligne pour la supply chain visibility, Project 44. Quant à la filiale Challenge Technic, elle va ouvrir pendant l’année en cours un centre de maintenance supplémentaire et aussi mettre en service un nouveau hangar.
Challenge Handling à Liège investit, quant à elle, dans la durabilité et réceptionne de nouveaux véhicules électriques pour le tarmac, des remorqueurs et des groupes électrogènes. Challenge va en outre rejoindre, avant la fin 2024, le cercle des carriers possédant le certificat Iata Ceiv batteries au lithium.
Triplement et diversification
Les investissements les plus importants de Challenge Group portent sur une extension massive de la flotte. Il s’agirait carrément d’un triplement! Et ce n’est pas tout. Comme beaucoup de ses concurrents, le groupe n’achète pas d’avions flambant neufs, mais des appareils d’occasion.
«Notre modèle d’affaires ne prévoit pas d’acheter des avions neufs. Nous sommes toujours en quête d’appareils d’occasion d’âge moyen vendus à un prix raisonnable et que nous pouvons encore exploiter pendant au moins dix à 20 ans, ce qui garantit une utilisation optimale», explique à ce propos Or Zak.
Contrairement à d’autres compagnies aériennes, Challenge n’exploite pas d’avions pris en leasing. Tous les appareils lui appartiennent. Le groupe ne suit pas davantage la tendance de la concurrence consistant à unifier la flotte. À la différence de ses concurrents, Challenge a en effet commencé à la diversifier.
Nouvelle extension possible
Alors que le groupe utilisait jusqu’ici uniquement différentes versions du B747, la flotte a été diversifiée récemment pour la première fois par deux B767-300ER(BDSF). Deux autres devraient suivre sous peu et d’ici la fin 2026 s’ajouteront aussi quatre B777-300ERSF. «À moyen terme, la flotte sera composée de cinq B747, quatre B767 et quatre avions-cargos B777», précise O. Zak.
«Si l’occasion se présente, nous ne sommes pas opposés à une nouvelle extension. Le terme occasion signifiant dans ce contexte la demande des clients souhaitant davantage de capacité et non pas la disponibilité d’appareils d’occasion bon marché», conclut Or Zak.