À moitié vide ou à moitié plein?
À quel point les avions opérant actuellement sont-ils vraiment «pleins»? Comment le Covid-19 change-t-il le rôle du fret dans l’ensemble du trafic aérien? Qu’arrivera-t-il au cours de ces prochains mois? Quelques réponses.
Avec la propagation mondiale du Covid-19 et les mesures pour endiguer la pandémie, le trafic aérien a été quasiment paralysé à la mi-mars. Le volume de fret aérien s’est donc effondré dans un premier temps avant que le recul ne se stabilise lentement.
Les prestations de transport de fret aérien des membres de l’Iata ont baissé de 14,7% en mars 2020 comparé à mars 2019, de 25,6% en avril mais «plus que» de 20,3% en mai. Sur l’importante route transpacifique, le niveau de 2019 a pourtant été manqué de seulement 0,4%. En procédant à une comparaison des capacités disponibles (mars –22,7%, avril –42%, mai –34,7%), on constate une tendance évidente. Les données transmises par l’Iata sur le coefficient de chargement sont toutefois moins parlantes, mais les masques, combinaisons et gants (PPE) sont aussi moins lourds.
À bord et côté chiffres
Le coefficient de chargement dynamique déterminé par Clive Data Services, qui tient compte non seulement du poids mais aussi du volume d’un envoi lors du calcul de l’efficacité du secteur fret aérien, est nettement plus intéressant. Le webinaire «Tiaca4Cargo», organisé pour la première fois par l’Iata le 24 juin, a révélé que le coefficient de chargement global a été d’environ 70% et sur la route Europe–Amérique du Nord même de 91%, soit 25 points de plus que le niveau de l’année dernière.
Les volumes, les tonnes-kilomètres fret et les chiffres d’affaires sont un volet, le bénéfice en est un autre. Début juin, le fret a été qualifié par l’Iata de «seule lueur d’espoir» du trafic aérien. Elle suppose que le volume de fret transporté cette année par avion devrait chuter de 10,3% comparé à 2019 pour retomber à 51 M. de t. En même temps, l’Iata s’attend à ce que le grave manque de capacité en raison d’avions passagers widebody cloués au sol fera augmenter les taux d’environ 30% en 2020.
Vers une époque après les besoins urgents d’EPI
«Les recettes provenant du fret vont atteindre un record de 110,8 milliards d’USD (102,4 milliards d’USD en 2019). La part du fret dans les recettes totales du trafic aérien sera d’environ 26% contre 12% en 2019», prévoit l’association.
Le pire fait-il vraiment partie du passé, ainsi que l’espère Niall van de Wouw, managing director de Clive? Probablement uniquement si le fret aérien ne cesse de se réinventer. Il ne sera sans doute pas suffisant que le secteur dispose du moyen de transport type de la mondialisation: des pays tels que le Canada s’acheminent déjà vers l’autosuffisance en matière d’EPI (équipement de protection individuelle), dans l’hémisphère nord commence l’été moins productif et de plus en plus de compagnies offrent de nouveau des capacités fret en soute.