Médiateur entre le marché et l’État
Un changement de personnel n’est pas toujours synonyme de rupture. La situation est différente dans le cas de Hans-Peter Hadorn, directeur de longue date des Ports rhénans suisses qu’il a portés en 2008 sur les fonts baptismaux sous leur forme actuelle. Pour le successeur recherché actuellement, la dimension internationale – des ports du Rhin supérieur à l’embouchure au Benelux – est importante.
Quel bilan personnel dressez-vous?
Je suis reconnaissant d’avoir pu travailler pendant plus de 15 ans dans un secteur passionnant qui m’a pleinement satisfait. Les ports sont un merveilleux biotope, un acteur neutre à l’interface entre le marché, la politique et l’international.
Où se situent actuellement les Ports rhénans suisses?
Pour la Suisse, petit pays sans façade maritime dépendant des importations et des exportations, l’accès à la mer, garanti par le droit international, est vital. Le type de trafics ne cesse bien sûr de changer. Le recul de l’industrie lourde et grande est compensé par d’autres activités.
Quelles sont les tendances actuelles?
La règle est aujourd’hui: TEU au lieu de tonnes. Même si le tonnage revient, le fret conteneurisé augmente. Dans le secteur énergie, nous sommes en plein changement. Si l’essence et le gazole fléchissent, la demande en entrepôts-citernes croît. La crise actuelle devrait aussi se traduire par un potentiel pour la logistique de montage et de production suite au retour de certains secteurs industriels. Ils auront besoin d’aires pour la production finale. Nous, les ports rhénans et l’économie portuaire, sommes à ce point diversifiés que nous pouvons suivre la conjoncture.
Comment vous positionnerez-vous à l’avenir?
L’hydrogène fait par ex. partie de la transition énergétique et a besoin de nouvelles installations et citernes. L’économie circulaire gagne en outre en importance. Le recyclage de matériaux attire des volumes importants sur l’eau. Et il reste aussi la mission classique de l’approvisionnement de la Suisse, par ex. en céréales provenant d’outre-mer.
Côté international, où en est la coopération avec les ports du Rhin supérieur?
Elle est d’autant plus importante que les ports fluviaux n’ont pas en soi la taille critique des ports de mer. Nous devons nous positionner plus fortement en tant que maillon pour les trafics trimodaux et les centres économiques régionaux. Nous ne jouons pas dans la ligue des champions, mais en tout cas dans la ligue européenne. Jusqu’à la fin 2020, je reste commissaire de la Commission centrale pour la Navigation du Rhin (CCNR).
De quels moyens disposez-vous?
Le numérique est une de nos chances. Nous saisissons aujourd’hui avec RPIS 4.0 80% des données de transport du Rhin supérieur, ce qui constitue un benchmark européen. Opérationnel depuis un an et demi, le système a prouvé sa valeur sur le marché. Nous avons une avance. À moyen terme, le dédouanement – mot clé DaZIT – sera intégré dans le système.
Comment devra être votre successeur?
En plus d’une bonne intuition pour la politique et l’économie, il devra mettre en œuvre des stratégies à long terme et peser le pour et le contre de futurs risques. À ce poste, le succès trimestriel ne mène pas plus au but que des effets à court terme sur le marché.