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  • Photo: Autobrennero

Auteur : Andreas Haug


Artikel Nummer: 46110

«De Lisbonne à Kiev»

A bâtons rompus avec Guido Porta, CEO d’Inrail. Forte d’un parc de propres locomotives (20 électriques et cinq diesel), de 400 salariés et d’un C.A. qui devrait atteindre 90 M. d’EUR en 2023 (soit 10–12% de plus qu’en 2022), la génoise Inrail est un grand groupe italien de transport ferroviaire de fret ayant de l’expérience et des ambitions internationales. Guido Porta, CEO, décrit comment des capitaux frais ouvrent de nouvelles voies, vers l’est et l’ouest.


Monsieur Porta, personne ne connaît Inrail aussi bien que vous. Pourriez-vous citer les points clés de son histoire?

Inrail est née en 2009 comme seule entreprise ferroviaire ayant des fondateurs du secteur privé, moi-même et deux autres personnes. Elle repose sur le concept de ne pas seulement développer la traction mais aussi d’offrir d’autres services liés aux activités clés.

Le groupe compte actuellement 15 sociétés: hormis d’autres entreprises ferroviaires (EF) telles que Fuorimuro à Gênes et Metrocargo, il s’agit de prestataires de services dans le secteur du triage, du matériel roulant et de la formation. Côté maintenance, FVG Rail est leader du marché en Italie et va mettre en service en septembre un nouveau tour en fosse. En 2021, Autobrennero a acquis 75% du capital d’Inrail.

Quelles en sont les conséquences pour les activités d’Inrail?

C’est une nouvelle poussée pour notre projet: développer les activités ferroviaires et les possibilités de nos clients. Pour l’avenir, il est important que le management en place conserve ses fonctions et que l’exploitant de l’autoroute développe le long de sa concession, du col du Brenner à Modène, les infrastructures logistiques multimodales, par exemple par de nouveaux terminaux, et ce en visant la durabilité.

Où se trouvent vos sites actuels?

Nos terminaux, en premier lieu ceux de Metrocargo, sont répartis dans tout le nord de l’Italie et desservis par nos propres trains, de Borgo San Dalmazzo près de Cuneo à l’ouest via Mortare, Parme et Mantoue jusqu’à San Giorgio di Nogaro près d’Udine.

S’y ajoute l’entrepôt d’Arquata Logistic Services (une société membre du réseau Inrail) qui aura bientôt au nord de Gênes une superficie de 8000 m2. Nous avons aussi le regard tourné vers la France, précisément vers Marseille et Paris.

Dans quels secteurs économiques opèrent les clients d’Inrail?

En principe dans tous les secteurs économiques. Les chargeurs des secteurs acier, céréales et gaz sont particulièrement forts. Quand au groupe BMW, il assure avec nous, via Ravenne, une partie de ses exportations passant jusqu’ici presque exclusivement par la rangée nord. Ce qui prouve bien nos capacités dans le secteur automobile. Ravenne est d’ailleurs aussi le centre de transbordement d’un train-bloc Inrail en provenance de la Serbie.

Le regard est donc aussi tourné vers l’est, au-delà des frontières italiennes?

Oui, tout particulièrement. Les projets marquants ont été en 2022 la création d’une ligne ferroviaire pour le transport de cendre industrielle sur une distance de 1300 km entre Gênes et la Hongrie via la Slovénie et en 2021 le premier train entre la Croatie et la France.

Nous nous efforçons de jouer un rôle croissant dans ce corridor entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest et comptons aussi offrir d’autres lignes à longue distance. Notre avantage: Inrail est la seule EF italienne disposant du Single Safety Certificate pour la Slovénie et la Croatie. À Nova Gorica et Zagreb, Inrail a aussi ses propres bureaux. En Hongrie, nous travaillons avec un partenaire fixe ce qui facilite nos activités vu la situation compliquée encore plus à l’est.

Quels seront les changements sur ces marchés découlant de l’entrée d’Autobrennero dans le capital?

Une société privée a encore du mal à se déployer sur ces marchés bien que les pays en question soient membres de l’Union européenne. La création conjointe de STR2 qui détient 100% d’Inrail, 95% de RTC – Rail Traction Company et environ la moitié de Lokomotion GmbH est stratégiquement importante. Autobrennero est devenu le plus grand opérateur ferroviaire fret d’Italie. Il compte quelque 600 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires de 180 M. d’EUR.

Où prévoyez-vous les prochains investissements?

Avec la même approche qu’en Slovénie et Croatie, nous voulons aussi développer le marché français. Vu les tendances protectionnistes cela constitue également un défi, mais c’est important. Au cours d’une prochaine étape nous prévoyons en effet d’opérer de manière indépendante dans un corridor allant de Lisbonne à Kiev.

Interview menée par Andreas Haug


 

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