Différend sur l’eau et à terre
Les défenseurs et les adversaires du gateway trimodal Bâle Nord serrent les rangs car le 29 novembre aura lieu dans le canton de Bâle-Ville un référendum sur la construction du bassin portuaire III. Il s’agit dans un premier temps d’un investissement de 115 M. de CHF que le parlement cantonal a approuvé en février. Comme pour chaque projet de plusieurs générations, celui-ci déchaîne les passions.
Le mathématicien Blaise Pascal nous a appris qu’il peut y avoir de la grandeur dans ce qui est petit. Dans le cas du gateway Bâle Nord, c’est le canton de Bâle-Ville avec une superficie totale d’à peine 37 km2 qui compte lancer ce projet logistique d’envergure nationale et également important pour les générations à venir. Il est ainsi prêt à contribuer aux investissements à hauteur de 115 M. de CHF. S’y ajoutent pour ce grand projet 130 M. de CHF pour la société d’exploitation dont l’Office fédéral des Transports (OFT) financera 83 M. de CHF. Hormis les fonds, les perspectives d’avenir de la logistique, la protection de l’environnement et la politique de transfert bimodale jouent un rôle dans le débat.
Transfert sur le rail
Le 9 octobre, Eva Herzog, conseillère aux États de Bâle, a résumé la situation en quelques mots: «Un conteneur sur quatre importé par la Suisse transite par le port de Bâle.» Le volume de transbordement annuel du port, environ 120 000 TEU, a jusqu’ici l’inconvénient que neuf conteneurs sur dix quittent le port par camion. E. Herzog a jeté un pont vers l’initiative des Alpes via laquelle la Suisse a décidé de transférer du trafic vers le rail: «À Bâle, nous pouvons y contribuer avec un rapport de 50:50 entre le rail et le camion.» Ce transfert serait l’œuvre du Terminal Gateway Basel Nord (GBN), entre autres grâce à des trains de fret de 750 m de long.
Roman Mayer, CEO de Swisstermainal, n’en voit pas la nécessité: «Il en est d’ores et déjà ainsi: en trafic international de conteneurs presque tout prend le train, ou le navire. Sur les longues distances, il n’y a pas pratiquement pas de transport routier de conteneurs. Pour la simple raison que ce n’est pas rentable.»
Martin Haller, président du conseil d’administration de GBN, le contredit: «Il faut plus de transports de boîtes et d’économies de CO2 en Suisse. Distribuer des marchandises par fer depuis le port vers toute la Suisse, c’est nettement mieux pour délester la région bâloise et les traversées du Jura du trafic et des émissions.» Dès le plateau suisse, les distances seraient intéressantes pour les grands distributeurs et le transport ferroviaire de marchandises. C’est seulement sur le dernier kilomètre que le transport routier serait justifié.
Le site et l’accès
Des projets urbanistiques pour les quais bâlois Klybeck et Westquai ont encouragé les planifications depuis 2006. Le bassin portuaire III devrait éviter d’éventuels goulets d’étranglement côté capacité.
Ralf Brink, agent maritime qui opère avec sa société Abacus Shipping à Bâle, a un œil critique sur la situation: «Théoriquement, tout le transbordement de conteneurs pourrait se faire sur l’île Westquai.» À son avis, ni le volume actuel ni le futur volume ne rendent ce projet nécessaire. Reste à voir si la croissance de la population et les plans des édiles laissent une chance à cette option.
Les bateliers rhénans se disputent à propos de la qualité de l’accès. Le batelier Thomas Schweizer, qui représente IG Schiffsführer Basel contre le projet de bassin portuaire III, estime qu’il y aura trop d’obstacles aux manœuvres, entre autres deux virages à angles droits. Hannes Baumgartner, lui aussi batelier, n’y voit pas de difficultés.
Protéger l’environnement ici et là
Dans le débat écologique, un point clé est la compensation d’une prairie sèche de 20 ha dont il faudrait utiliser 11,5 ha. GBN et les Ports rhénans suisses proposent comme compensation la mise en valeur de 45,8 ha, par ex. à la gare de triage de Muttenz, au parc Lange Erlen et dans la forêt Hard à Pratteln. Le permis de construction dépend de la décision de l’Office fédéral de l’environnement.
Le botaniste Jürg Stöcklin, membre du Grand Conseil de Bâle-Ville et des Verts, estime la compensation suffisante. Markus Ritter, ancien membre du Grand Conseil et biologiste, pense en revanche que la «zone naturelle protégée est liée au site» et rend toute compensation impossible.