De la constance en tête
L’indice Agility Emerging Markets est un bon indicateur du développement des marchés émergents. La Chine se défend en dépit des turbulences en matière de politique économique et de santé. Il se pourrait pourtant qu’une récession bouleverse tout. C’est ce que certains logisticiens attendent, mais Essa Al-Saleh, CEO d’Agility, se montre serein lors d’un entretien avec l’ITJ.
À première vue, il y a peu de changements dans l’Agility Emerging Markets Logistics Index 2020. Les six premiers du classement sont les mêmes que l’année précédente et même après eux on ne note que de légères modifications. Vu les événements actuels qui inquiètent le monde de la logistique, l’indice du logisticien koweïtien fournit tout de même quelques informations intéressantes. Comme dans les six derniers indices, la Chine est certes de nouveau en tête des marchés émergents, mais elle se trouve dans une phase très délicate. L’impact du conflit commercial avec les États-Unis est à peine maîtrisé que le coronavirus porte un nouveau coup à l’économie chinoise.
Les conséquences du coronavirus
Inutile de préciser que pratiquement chaque société logistique opérant à l’échelle internationale est liée d’une façon ou d’une autre à la Chine, bien sûr également Agility. Essa Al-Saleh, président et CEO de la division global integrated logistics d’Agility, déclare: «Le coronavirus influence les flux logistiques, mais ne pouvons dire pour l’instant dans quelle mesure.» Le fait que l’apparition du virus ait eu lieu lors du Nouvel An chinois en a atténué les effets car pendant cette période il y a de toute façon moins de transports, a expliqué E. Al-Saleh lors d’un entretien accordé à l’ITJ. Agility observe avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation et étudie divers scénarios en cas de détérioration notable. «Nous sommes en échange constant avec l’OMS», souligne-t-il.
«Sans tenir du compte du coronavirus, le rapport révèle que de nombreux marchés émergents ne connaissent plus d’écarts aussi extrêmes vers le haut ou le bas. C’est surtout dû au fait que les investisseurs ne choisissent plus uniquement les marchés émergents en raison des coûts», dit le CEO d’Agility. «La population jeune et croissante dans ces pays veut elle aussi la prospérité, ce qui booste la consommation et encourage le développement.»
Des obstacles freinent l’Inde
Dans l’Emerging Markets Logistics Index, l’Inde occupe pour la quatrième fois la deuxième place. La percée économique de la plus grande démocratie du monde prédite depuis plusieurs années est pour l’instant au mieux ponctuelle. Dans son évaluation de l’Inde, Essa Al-Saleh balance lui aussi entre optimisme et désenchantement: «L’Inde est sur le bon chemin, mais l’environnement des affaires est plombé par trop de réglementations et de barrières. La politique pourrait encore en faire davantage dans ce domaine.»
L’image est également mi-figue mi-raisin concernant l’Afrique. Le Nigeria a progressé de huit rangs, autant qu’aucun autre pays, le Ghana a en revanche chuté de sept rangs et l’Égypte dépasse l’Afrique du Sud pour devenir le «champion du continent» et occuper le 20e rang du classement. La dynamique africaine joue également un rôle important pour Agility puisque la société est fortement présente dans différentes régions. «L’ascension de l’Égypte m’a vraiment fait plaisir bien que je regrette aussi la baisse en Afrique du Sud», souligne E. Al-Saleh. «En dépit de dynamiques divergentes, les pays africains demeurent des marchés importants pour Agility.»
64% craignent une récession
L’indice d’Agility étudie non seulement les pays, mais questionne aussi des dirigeants du secteur de la logistique à propos de leurs pronostics en matière de marche des affaires. Ces derniers ont esquissé une image négative pour 2020. Sur les 780 personnes questionnées, 64% s’attendent à une récession pendant les douze mois à venir. Essa Al-Saleh ne veut se joindre à eux pour lamenter: «Cette crainte d’une récession pourrait devenir une prédiction qui se réalise. Personne ne peut prévoir comment évoluera le coronavirus ou d’autres facteurs. Au cours de mes 20 années d’activité dans le secteur de la logistique, j’ai appris que les changements positifs ou négatifs peuvent arriver très rapidement.»