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  • Photo: HHM / Dietmar Hasenpusch

Auteur : Christian Doepgen


Artikel Nummer: 46746

Coup de théâtre à Hambourg

La participation minoritaire de MSC à HHLA continue de faire des vagues. Nul doute que les ports nordiques doivent faire preuve d’imagination pour affronter la concurrence européenne à l’ouest. Après l’échec d’une éventuelle coopération entre les exploitants de terminaux HHLA et Eurogate en 2022, l’heure est aux participations. Les grands armateurs ont les liquidités nécessaires. MSC sera-t-il l’unique armateur à entrer au capital de HHLA comme le prévoit le Sénat?


L’agitation règne et l’humeur est guerrière. Les virulents remous provoqués en effet par la récente décision du Sénat de Hambourg de vendre des parts de HHLA à l’armement MSC dépassent de loin bien des agissements houleux de ces dernières années.

En cause, un contrat préliminaire que la ville de Hambourg, qui détient près de 69% des participations de l’exploitant portuaire HHLA coté en bourse, a conclu avec l’armateur MSC dont le siège social se trouve à Genève.

HHLA, qui jouit d’une position dominante à Hambourg avec les terminaux à conteneurs d’Altenwerder, Burchardkai et Tollerort, tout en étant engagée également à Tallinn et Odessa, doit devenir une entreprise commune. MSC posséderait 49,9% du capital et la ville de Hambourg les 50,1% restants. La compagnie maritime propose (pour l’instant encore) 6,75 EUR par action aux actionnaires et aux fonds.

Le mode opératoire du Sénat a, à lui seul, été source d’agitation extrême. Avant que le groupe chinois des secteurs armement et logistique Cosco puisse acquérir, par le biais d’une filiale, une participation minoritaire de 24,99% dans le terminal de Tollerort en juin de cette année, le sujet avait couvé durant deux ans et atteint le niveau du cabinet national en Allemagne, qui a considérablement réduit la participation initialement prévue de 35%. Le deal d’une ampleur nettement plus considérable qui vient d’être conclu a été traité et préparé en toute quiétude par le Sénat.

De nombreuses déceptions

Les candidats à une entrée chez HHLA n’ont cependant jamais manqué, tant au niveau international que national. Selon le CEO de Hapag-Lloyd, Rolf Habben Jansen, cet armement bénéficiant de l’avantage du terrain aurait fait plusieurs tentatives afin de prendre une participation chez HHLA. Les dernières discussions et propositions concrètes de reprise par Hapag-Lloyd auraient eu lieu début 2023.

Le Néerlandais, pourtant réservé, n’a pas caché sa déception. La simple évocation de Bremerhaven et de Wilhelmshaven comme alternatives pour les flux de marchandises dans la région a révélé l’état d’esprit de la plus grande compagnie maritime allemande.

Le Français CMA CGM aurait lui aussi mené un combat acharné durant un an pour obtenir les faveurs de HHLA, ainsi que Klaus-Michael Kühne, un poids lourd de la branche, Hambourgeois dans l’âme. Si l’on en croit la presse, ce dernier espère que le contrat préliminaire avec MSC «sera encore modifiable».

Il évoque la participation de différentes compagnies maritimes dans plusieurs opérateurs de terminaux, dont Eurogate en plus de HHLA. L’actionnaire principal du groupe Eurogate, Thomas Eckelmann, souhaite également soumettre une contre-offre au projet d’accord au Sénat de Hambourg.

Alternatives et plans complémentaires

La conclusion de l’accord n’est pas encore acquise, car une partie du personnel de HHLA fait front contre la participation de MSC, en dépit des garanties que l’armateur suisse a données au Sénat et au personnel.

Les spécialistes sur site ont d’autres idées. De source bien informée «un échange de parts, du terminal à conteneurs d’Altenwerder vers le Burchardkai, avec une augmentation simultanée de la participation» aurait été proposé. Cette mesure permettrait d’éviter le rehaussement annoncé du pont de Köhlbrand, grâce à la modification de l’itinéraire des ULCV de Hapag-Lloyd dans le port.

Dans un contexte d’intermodalité un autre facteur émerge: la concurrence entre les filiales ferroviaires Medway de MSC et Metrans de HHLA. Hambourg joue un rôle clé en Europe en tant que grand port ferroviaire dont la moitié des conteneurs arrivent au port ou le quittent par chemin de fer. Il est vrai que Medway, qui n’opère que dans quelques pays, pourrait considérablement renforcer sa position sur place grâce à MSC.


 

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