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  • Photo: IAPH

Auteur : Clemens Finkbeiner-Dege


Artikel Nummer: 51381

«Des projets à la pelle»

Compte-rendu de la World Ports Conference 2024 de l’IAPH à Hambourg. C’est dans une bonne ambiance qu’a eu lieu la conférence portuaire mondiale de l’International Association of Ports and Harbors (IAPH) du 8–10 octobre au CCH de Hambourg. Environ 600 membres du monde entier étaient présents. Patrick Verhoeven, principal organisateur, a qualifié la ville sur l’Elbe de «finest port city of the world» ayant une fierté portuaire particulière.


Après P. Verhoeven, managing director IAPH, la sénatrice du port de Hambourg Melanie Leonhard a accueilli les invités. Les défis sont les mêmes partout, mais les chances aussi. Il y avait donc matière à discussion. Elle a remercié Jens Meier, patron de la Hamburg Port Authority HPA et président de l’IAPH, pour son engagement.

 

De Londres est venu Arsenio Dominguez, secrétaire général de l’OMI depuis début 2024. Il s’est déclaré heureux de quitter la Tamise pour Hambourg d’autant que la météo y ressemble beaucoup à celle de sa patrie d’adoption. Son objectif: apprendre beaucoup de spécialistes portuaires réunis. À son avis, la résistance est importante pour les ports, comme par ex. en mer Rouge. En cas de demande, l’OMI est prête à servir d’intermédiaire. Dans la navigation, l’efficacité joue un rôle important, au même niveau que la conscience des risques, et ce essentiellement pour la vie des marins. La décarbonation, un objectif global, a le même poids stratégique que le renouvellement des générations.

 

«Bon pour l’environnement,

 

c’est bon pour la croissance»

 

Un invité de taille a suivi: Søren Toft, le nouveau numéro un du leader MSC. Il a mis l’accent sur les chaînes d’approvisionnement. Elles se trouvent en plein changement et le secteur de l’armement doit s’y adapter. Son entreprise opère à l’échelle mondiale dans pas moins de 1800 ports «tout au service des clients». C’est aussi la raison pour laquelle MSC, le plus grand carrier, évite les alliances. S. Toft avait un job difficile, puisque MSC a acquis une part de 49% du plus grand groupe portuaire local HHLA. Dans certains milieux du monde portuaire hanséatique, la transaction est peu appréciée. Le Sénat et le Parlement de Hambourg avaient pourtant approuvé la transaction. MSC sera présent à l’avenir à l’Elbe avec environ 1500 collaborateurs. Il s’agirait simplement d’être bien positionné vu les taux de croissance à deux chiffres en Asie. S. Toft estime que globalement l’économie portuaire a encore des réserves en matière d’efficacité de 20– 30%. Green Shipping» est uniquement possible si le carburant nécessa

ire est disponible de façon constante. MSC compte dans son carnet de commandes 150 navires, la plupart de type dual fuel. Dans chaque port, il faut une offre d’au moins un ou deux types de carburant. S. Toft a cité le slogan de la stratégie de son entreprise: «Ce qui est bon pour l’environnement est bon pour la croissance!»

 

Un débat sur les ports et le commerce mondial a été dédié à l’environnement politique (global). C’est là que la pétillante Margi Van Gogh du Forum économique mondial s’est penchée sur les supply chains mondiales. Jens Meier, président de l’IAPH: «Les sujets économiques dans la navigation et les ports portent sur tout.» La décarbonation globale doit l’emporter sur la concurrence  entre les différents acteurs du marché.

 

Selon Nikolaus Schües, président de Bimco, les grands ports doivent créer des réseaux accessibles à tous. Des problèmes tels que les «Houthis» et le «trafic de drogue» concernent tous. C’est ce que pensent aussi Angela Titzrath, patronne de la HHLA, et Noel Hacegaba, COO du port US de Long Beach: «De la collatéralisation à la coordination.» La suite a porté sur la régulation. Dans ce contexte, le patron du port d’Anvers, Jaques Vandermeiren, a mis en garde contre des changements trop nombreux et trop rapides: «Keep it simple!»

 

«Rôle de leader pour protéger le climat»

 

Au cours du deuxième jour, les sujets étaient l’énergie et le climat. L’application de la «Clean Energy», qui a percé en 2022 dans l’OMI, implique des investissements de 55 à 83 milliards d’USD. C’était le domaine de prédilection de Melanie Leonhard, sénatrice du port de Hambourg. D’ici 2040, le port compte réduire ses gaz à effet de serre (GES) de 70%. Le port est extrêmement intéressant pour les gros consommateurs d’énergie tels que l’acier, l’aluminium et la Chimie. La production d’énergie éolienne, d’hydrogène et d’ammoniaque y est possible simultanément. Des projets nécessaires sont lancés, par exemple Moorburg près du port pour la production d’hydrogène et ouvert à des investissements privés.

 

Les ports ont un rôle de leader dans la protection du climat, est convaincu Boudewijn Siemons, CEO et COO du port de Rotterdam. Vinícius Patel du port brésilien d’Açu aimerait, quant à lui, unifier tous les acteurs même si les écarts tarifaires sont grands.

 

Les ports au cœur de nouveaux espaces économiques: Patrick Van Cauwenberghe d’Anvers a pris l’exemple de son port, le numéro deux en Europe. Tout autour du port l’industrie chimique produit beaucoup de chaleur réutilisable, par exemple pour des brasseries et leurs besoins en énergie. Idem au port de Londres: selon Grace Rawnsley, le projet «Tamise 2050» prévoit zéro CO2  pour tout le trafic marchandises régional dans le delta de la Tamise de 150 km. À Muara Port dans le sultanat de Bruneï, des petits commerces et des aires aériennes sont prévues selon Azimah Ahman.

 

Sveinung Oftedal, chargé de Green Shipping au ministère norvégien de l’Environnement et membre du groupe d’action environnement de l’OMI, a dit de manière lapidaire à propos de l’énergie: «Il n’est plus question de oui ou non, maintenant il s’agit des détails techniques nécessaires». Dominik Englert de la Banque mondiale a surtout parlé de l’alimentation mondiale et de la pression sur les gouvernements. Il ne faut pas oublier les secteurs loin de la navigation tels que l’agriculture.

 

Un coup de tonnerre et Kobé

 

Le dernier jour il y a eu un coup de tonnerre de Tim Power, manager de Drewry. Il s’est pris aux risques maritimes. Son credo: «La navigation est un secteur à risques naturels.» Dans le domaine de l’énergie ils durent depuis cinq ans. Les principales crises sont le canal de Panama, la mer Noire, le canal de Suez, le détroit d’Ormuz et la mer de Chine. S’y ajoutent huit groupes de risques, politico-géographiques ou économiques tels que les taux de fret ou des régulations exagérées. L’avenir «green fuel» est très sombre à son avis. D’autres contributions ont suivi et porté entre autres jusqu’à la propulsion atomique. Il y a aussi eu une lueur d’espoir: la numérisation dans des ports africains.

 

«Global Port Markets in Motion» était un autre sujet. Michael Bozza, de la Port Authority de New York and New Jersey, et Supramaniam Karuppiah de Port Klang (Malaisie) sont revenus sur la pandémie. L’arrêt des supply chains sur les côtes US a laissé de mauvais souvenirs. Michael Luguje de Ghana Ports and Harbours Authority était, lui, très optimiste: «L’Afrique est en plein boom!» et devient plus attrayante.

 

À la fin de ce rendez-vous portuaire, le président de l’IAPH a remercié les participants et sponsors, dont l’ITJ, pour leur engagement. Le prochain meeting, à Kobé au Japon, fêtera les 75 ans. Tomohisa Izumi est venu spécialement de Kobé pour faire l’éloge, en parole et en images, des performances de  sa ville portuaire, pour laquelle il occupe un siège au conseil municipal.

 

 

 

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