L’option Alberta
Entretien à la Tiaca avec Kirsten de Bruijn, EVP Cargo, Westjet. La Néerlandaise connaît et aime Miami où elle a travaillé pendant huit ans au début de sa carrière, tout d’abord dans l’hôtellerie puis dans le fret aérien. Après d’autres stations au Moyen-Orient, elle dirige depuis mai la mise sur pied de Westjet Cargo de Calgary.
Mme de Bruijn, lorsque nous avons parlé en 2021 (en ligne) vous étiez chez Qatar Airways Cargo. Qu’est-ce qui vous attire dans votre nouveau job?
J’ai eu une excellente époque au Qatar, mais ce que je fais aujourd’hui est complètement différent. Westjet cache en fait une société de capital-risque et il y règne un esprit de start-up. J’ai l’occasion de mettre en place les activités fret depuis la base, ce qui est très excitant. Certes, le climat à Calgary est tout à fait différent de Doha et de Dubaï, mais j’aime être dans la nature, ce qui n’a pas été le cas ces sept dernières années.
«Occuper des niches»
Parlons du climat d’affaires canadien: il y a déjà plusieurs prestataires de capacités établis, dont Cargojet et Air Canada Cargo. Quelle place aurait Westjet?
Le Canada est énorme et on ne peut pas transporter sur la route chaque marchandise de Vancouver à Toronto. S’y ajoute un fait que je n’ai jamais vécu ailleurs: le profil des clients. La moitié de nos réservations viennent directement des clients. Au fond, vous avez raison: nous avons une compagnie aérienne qui relie historiquement le pays au réseau international et une autre qui vise les expressistes. Mais Westjet a le potentiel pour occuper des niches.
Comment voulez-vous marquer des points?
Nous sommes encore dans le starting-block, mais la technologie jouera un rôle important. Depuis début novembre nous sommes sur la plateforme Smartkargo qui simplifie les réservations. Le personnel est aussi vital. Nous voulons un vent nouveau dans le fret aérien. Il nous reste bien sûr à montrer ce que nous sommes capables de faire avec les cargos exploités à partir de mars 2023. Mais une de mes principales tâches depuis mon arrivée est de dérouler une culture fret dans toute la compagnie. Nous avons l’ambition de devenir une petite option agile par rapport aux carriers historiques.
Quelles expériences personnelles vous serviront dans ce contexte?
J’ai débuté en 2007 dans l’approvisionnement chez Martinair, m’y suis spécialisée plus tard, chez Emirates Skycargo (2016–2020) et Qatar Airways Cargo dans la manutention au sol. Puis on m’a confié des rôles dans le secteur opérationnel, la gestion du chiffre d’affaires, la tarification et les ventes. Je pense que pour lancer une compagnie aérienne depuis zéro et avec succès, il faut avoir touché à tout.
«Six destinations»
Donc comment imaginez-vous le début?
Nous avons des capacités en soute vers 45 destinations et allons desservir tout d’abord avec quatre B737-800BCF Calgary, Vancouver, Toronto et Halifax ainsi que Miami et Los Angeles. Je travaille sur le développement stratégique, mais vu l’histoire de Westjet j’affirme: nous sommes un géant dormant. Avec 170 avions nous sommes le second carrier canadien.
Avez-vous des projets de vols transatlantiques?
Nos avions n’ont pas encore d’Etops, mais ça pourrait venir. Pour l’instant, nous nous focalisons sur le Canada.