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  • Alitalia aligne des avions-passagers sinon vides pour lutter contre le Covid-19.

Auteur : Andreas Haug


Artikel Nummer: 31411

Fret aérien à court de souffle

Le trafic aérien est confronté à une crise comme il n’en a jamais connue jusqu’ici. Pour une fois le trafic passagers devrait en souffrir davantage que le fret aérien. Mais ils sont interdépendants ainsi que l’ont montré les événements de ces dernières semaines. La situation change chaque jour, voire chaque heure.




Ce siècle n’a même pas encore 20 ans mais le trafic aérien a déjà dû surmonter bien des crises: les attentats terroristes du 11 septembre 2001 suivis d’une vague de faillites de compagnies aériennes lesquelles, telles que Swissair, semblaient inébranlables comme symboles nationaux, puis l’«Annus horribilis» 2009 suite à la crise financière globale, l’éruption, en 2010, du volcan islandais au nom presque imprononçable, les virus Sars et Mers, la grippe aviaire, la grippe porcine, Ebola et le Chikungunya. Et pourtant la menace est aujourd’hui différente: alors que jusqu’ici les épidémies ont pu être cantonnées en grande partie à des régions, la pandémie actuelle a profité du taux de mondialisation aujourd’hui très élevé du commerce international.

 


Différents scénarios

Après le Covid-19, le monde (aérien) ne sera probablement plus le même. Quelques analystes prévoient une accélération de la consolidation de compagnies aériennes qui entraînera une réduction de moitié du nombre de prestataires de services aériens existants jusqu’ici. Selon les plus grands pessimistes, ce sera carrément la fin de tout le secteur.


Dans l’œil du cyclone, les associations du secteur élèvent leur voix et ont réussi, entre autres, à ce qu’au moins les marchandises pourront encore être transportées par avion, et pas uniquement de l’aide humanitaire. Alors qu’en Chine la production a redémarré, seul le mode aérien pourra garantir les chaînes d’approvisionnement. Étant donné qu’en temps normal environ la moitié du volume est acheminée en soute à bord des avions-passagers, mais que la plupart de ces derniers sont immobilisés au sol jusqu’à nouvel ordre, il manque soudainement des capacités ce qui rend le fret aérien encore plus attrayant que d’habitude. Afin de pouvoir répondre plus ou moins à la demande, de plus en plus de carriers mixtes transforment passagèrement leurs widebodies en avions tout cargo.   

 


Un virus fait le tour du monde



ASIE

C’est en Asie que tout a commencé alors que l’on se plaignait encore d’un début particulièrement précoce de l’année lunaire. Au terme du premier mois de 2020, l’Association of Asia Pacific Airlines a fait part d’une baisse des prestations fret de ses membres de 4% comparé au second semestre de 2019. Un léger mieux en trafic passagers (2,7%) a été suivi par une forte chute en février (–34,8%). En dépit de la paralysie de la production chinoise pendant des semaines, le secteur fret s’en est mieux tiré (–3%). Quelques compagnies aériennes, d’abord Cathay Pacific, puis Singapore Airlines et Korean Air, ont été les premières à réagir par l’exploitation d’avions passagers widebody, immobilisés, transformés en avions all-cargo.

 



MOYEN-ORIENT
Les compagnies du Moyen-Orient habituées à la croissance ne sont pas épargnées par la crise. Emirates et Etihad Airways ont suspendu leurs services passagers, Qatar Airways a réduit considérablement son horaire. Seuls les vols all-cargo de ces carriers ne sont pas concernés.

 


AFRIQUE
Alors que les carriers du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont été obligés de supprimer 16 000 vols passagers, selon une estimation de l’Iata datant du 19 mars, le continent africain – qui a fortement crû récemment en trafic fret – semble très fragile. South African Airways, qui bat déjà de l’aile, a dû suspendre la ligne Le Cap–Johannesburg.

 



EUROPE
Le continent, qui est devenu le second épicentre du Covid-19, est marqué par l’ambivalence. Les grands carriers mixtes ayant des capacités sur le pont supérieur tournent à plein régime et s’inspirent, tels que Swiss, IAG voire Alitalia, du modèle asiatique pour leurs grands avions passagers.

 



AMÉRIQUE
Idem pour les gran­des lignes US American Airlines, Delta et United, pour Air Canada et les principaux carriers latino-américains, par ex. Latam Cargo. En même temps, les transitaires et charterbrokers augmentent l’offre sur la route transatlantique.