Les précurseurs
Entretien avec Nabgha Salem, Vectorys. Le prestataire franco-tunisien de services logistiques Vectorys n’opère pas seulement là où les choses se compliquent pour d’autres. Nabgha Salem, président et propriétaire, explique sa motivation d’acteur global régional.
M. Salem, comment Vectorys est-elle devenue, avec vous, l’entreprise que nous connaissons actuellement?
Vectorys est issue de l’Organisation Transports Internationaux (OTI) spécialisée dans le transport France–Afrique du Nord dont j’ai été le directeur général en Tunisie pendant 18 ans. Lorsque les nouveaux propriétaires de la société mère STE se sont désintéressés d’OTI Tunisie, j’ai pris la barre en 1996 avec les deux copropriétaires qui se sont ensuite retirés en 2015. Je suis certes ingénieur de formation, mais j’ai une âme d’entrepreneur.
La nouvelle raison sociale reflète-t-elle cela?
Le tournant remonte à 2008, considérée comme année des crises. Nous aussi avons dû diversifier nos activités dont la part du secteur automobile est retombée de 95% à 40%, mais nous avons saisi l’opportunité. La création de notre propre marque doit traduire un certain dynamisme. Le message de Vectorys est: «Nous sommes le petit global player en région méditerranéenne!»
Quand avez élargi vos activités à d’autre pays?
En 2011 en reprenant une PME italienne de 25 salariés réalisant un chiffre d’affaires annuel de 3 M. d’EUR. Fabio Mandirola, directeur général du groupe, a fait de Vectorys Italia une société ayant un C.A. annuel de 45 M. d’EUR. Dans l’ensemble, Vectorys compte franchir pendant l’année en cours la barre de 100 M. d’EUR de chiffre d’affaires.
Quel est le rôle de votre marché domestique?
75% de nos activités sont en relation avec la Tunisie. Notre plus récent projet logistique en Tunisie est un parfait exemple de notre approche du marché. Nous regroupons sur un seul site nos 30 000 m2 d’aire d’entreposage répartis en Tunisie. Avec au total 100 000 m2 ce site sera paré pour la croissance et bien desservi. Nous nous considérons comme «précurseurs» et souhaitons ouvrir la voie en Tunisie à la qualité de service internationale. Tout en restant en contact étroit avec nos clients.
Cela sonne comme une phrase creuse...
...mais ça n’en n’est pas une. Nous offrons en effet toute la chaîne d’approvisionnement en porte à porte, et ce avec notre propre personnel fidèle à la société et dont une grande partie s’engage depuis 15 à 20 ans pour l’entreprise.
Quelles sont les futures orientations stratégiques de votre équipe?
L’e-commerce sera bien sûr un grand champ d’activité à l’avenir. Il est encore récent en Afrique du Nord et c’est ainsi que sous la direction de mon fils Khalil nous le créons depuis zéro. Nous préparons le terrain, ce qui n’est pas facile, mais nous serons les premiers.
Sur le plan géographique, nous sommes souvent là où les processus standards ne fonctionnent pas. Ce qui nous permet d’agir en complément des véritables acteurs mondiaux. Au Maroc, où le secteur logistique est plus mûr qu’en Tunisie, nous sommes présents à Casablanca et Tanger. Nous commençons à y louer des aires d’entreposage.
À Malte, nous pensons devenir les leaders du trafic avec l’Europe. Nous sommes nous-mêmes sur le terrain en Égypte alors que nous avons des partenaires en Algérie et en Libye. Nous essayons en outre de prendre pied dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest.